LA ZONE -

Les mémoires de Jésus (I-IV) #SaintCon2015

Le 13/04/2015
par Jon Ho
[illustration] Jésus et les nases arrêtent ...

I

Brunch dominical
Des hosties soufflées en scones, délire hypnotique.
Exploration vaginale
Le sang du Christ lui gonfle ses veines phalliques

Sa sainteté mal épinglée, à moitié becquetée par les corbeaux descend de son cruciforme en sifflotant. Marie est en cuisine, simplement vêtue d'un linceul porté en foulard. Elle brouille des œufs en suivant, distraitement et sans réel intérêt, la retransmission de la messe à la télé. L'église est bondée, le chrétien, parfumée aux essences de bondieuseries, borborygme des ânonnements latinisants. Marie se marre.

Jésus lui claque la fesse gauche en la frôlant. Il se passe les mains sous le robinet pour retrouver quelques sensations. Il a faim !! 3 heures à faire le con, cloué à moitié à poil sur cette croix aux aspérités urticantes, pour amuser la galerie lui ouvrait à chaque fois un appétit féroce.
- " Je vais fabriquer du pain " murmure JC à l'oreille de son amoureuse. Il commence une série d'incantations autour des ingrédients qui se mettent à composer la recette en intervention divine.
- " Tu pourras rajouter des noix mon cœur ? j'aime bien avec un bon fromage. "
Le couple déjeune en échangeant des pensées plus ou moins philosophiques. Pour rompre le silence religieux, ils aiment se raconter leurs rêves respectifs ou gratter un peu les cordes usées, rouillées d'une vieille fender de gaucher pour quelques notes de nirvana, le 7' ciel toujours à portée de l'orgasme des sens.

Disparate et bacchanale
La farandole de l'alleluyah
Agneaux de dieu qui prennent le pêcher
En pleine gueule...

JC touche 500 USD chaque lundi matin pour sa prestation du dimanche. Ça lui paye le loyer, le pif, la beu et grâce à ses pouvoirs magiques, il y a toujours de beaux légumes frais dans le potager. Il mène une vie de rêve avec sa vierge supposée. Si les cons savaient...

La société GOD IS LIFE lui ont proposé ce contrat en pleine campagne texane. Il a fait une croix sur sa vie de martyr, incapable de supporter plus longtemps d'être adulé par une population shootée à l'opium, à l'hébétude figée dans l'espace vide, la distance inféconde entre leurs deux pupilles.

II

Une fois par semaine, Jésus reçoit la visite d'une dizaine d'incurables à la mort déjà programmée. Il revêt son costume de prestidigitateur-guérissologue, flatule en gargouillis une forme de transe divine latinisante et faussement incantatoire, saupoudre le tour de passe-passe de fronçages de sourcils et invite les miraculés à passer en caisse, tenue par une Marie-comptable de toute beauté.

- " Pour 10$ je vous propose notre produit miracle qui cartonne dans les hospice, les sanatoriums et autres maisons de retraites. Le concentré de sang de mon mari. Comme du sirop, vous y additionnez une rasade d'eau bien fraîche et vos péchés sont instantanément pardonnés par le tout puissant. Le sang est prélevé à jeun pour vous offrir une absolution de la plus haute qualité. "
- " Je vais vous en prendre 2 flacons. J'en filerais un à Simone, elle a la conscience pas nette depuis qu'elle trompe son Raymond. "

Les aveugles verront
Que dans leur porte-feuille
Il manque quelques biftons
Pour chasser les cercueils

L'éclopé se dressera
En hurlant au miracle
En mélangeant
Religieusement
l'alleluyah et l'abracadabra.
Jusqu'au prochain obstacle.

- " Etes-vous intéressée par notre carte de fidélité ? Pour 100$ d'achat nous vous offrons au choix un porte-clé crucifix, un sticker " GOD is perfect " ou l'indispensable coque pour smartphone imprimée de prières. "

La petite entreprise tourne à plein régime. Le carnet de rendez-vous est plein à craquer et comme dans un bon restaurant, il est préférable de réserver plusieurs mois à l'avance.

Le petit groupe psychologiquement rassuré retourne à son quotidien. Marie range la caisse dans le coffre fort du salon, grossièrement dissimulé derrière un tableau de la vierge au rocher. Léonard était un homme charmant, au génie indéniable. Un homme comme il en existe peu. Quand il lui a offert ce tableau en 1484, elle n'a pu s'empêcher d'esquisser un sourire et de le remercier chaleureusement par la nature d'une nuit de sexe torride. Jésus n'en a jamais rien su. Même les hautes sphère de la prétendue virginité absolue ont leurs petits secrets...

- " Merde, j'ai plus de Soja pour assaisonner le repas... Les nems vont être bien fades. Mon amour, tu veux pas aller voir si Bouddha est chez lui ? "
- " Okay, je prends 50$ dans la caisse, je les lui avais promis quand il est venu avec son éléphant nous remorquer le pick-up. "
- " Ça marche, et molo sur l'apéro si tu veux pas finir comme lui. "

Finir comme lui ? Oui, c'est vrai Bouddha n'était pas la plus svelte des divinités et avait une fâcheuse tendance à pratiquer le lever de coude sans aucune modération mais avec ses côtes saillantes, son teint blafard d'anorexique et la taille de ses multiples cicatrices, Jésus ne personnifiait ni l'image du bon vivant, ni celle de l'alcoolique notoire.

En récupérant l'argent derrière le tableau de maitre, Jésus s'arrête un instant devant un détail qu'il n'avait jamais remarqué. Planqué derrière le plus gros des rochers, un chevelu à la barbe soyeuse, portrait craché de De Vinci tenait d'une main ferme sa queue en érection. Sûrement, une hallucination. Il était à jeun et son maraboutisme de pacotille l'avait épuisé.

III

- " C'est ouvert... "

Avachi sur le cuir vachesque de son confortable sofa, Bouddha, un gong dans la main droite et une Bud dans la gauche, médite en marmonnant quelques adjurations. De longues tiges enflammées diffusent dans le salon une ambiance olfactive bon marché. La zenitude dégouline des murs dans le feutre de cette atmosphère ouverte à toutes formes de litanies et rappelle à Jésus comme il est bonze de dilater son karma, d'épanouir sa fleur de lotus au bon vouloir d'une destinée cosmique.

Accaparé par ses songeries dominicales, Jésus ne remarque pas tout de suite la main tendue par le mandarin obèse. Sous la pression de ses doigts boudinés, il grimace une méchante et vive douleur au niveau de ses paumes. Il improvise un psaume à base de " Bordel de merde j'ai encore oublié de dire à la Marie de plus me suspendre avec du gros clou. "

Bouddha déplie un bras jusqu'à une boîte de mouchoir qu'il propose à Jésus, le regard plein de compassion. Le christ s'en bande copieusement des poignets aux phalanges.

- " Je sais ce que c'est... Mes cons à moi, vénérables ramassis de constipés jaune citron adorent quand je m'immole. Ça ajoute un petit quelque chose au spectacle mais ça laisse pas mal de cicatrices... "

Bouddha soulève son tee shirt 5XL et montre ses brûlures. Jésus constate une peau cramée à un bon troisième degré, plein de balafres stigmates de leur douloureuse adoration. Entre un dragon tatoué aux couleurs du Japon et une carpe koï de toute beauté, les cicatrices se faufilent comme les germes d'un virus mortel, d'une incurable maladie ou la bactérie à la prolifération pandémique en demande toujours plus jusqu'à l'overdose.

- " Tu sais Jésus, ils finiront par nous tuer. Pas physiquement ni mentalement bien sûr mais par la profondeur de leur connerie. "

Le Christ acquiesce en hochant une tête au fatalisme subordonné. Il sait que sa force jadis épineuse et salvatrice n'est plus que la relique d'une obsolescence portée fièrement en chapelet-porte clé. Chaque croyant tire un peu trop sur sa ficelle de marionnettiste pendant qu'il bouge péniblement un corps usé par des milliers d'années de Bis Repetitas...

Bouddha s'avale une lampée de bière.

- " On va très certainement finir à l'asile mon frère, coincés entre ta toxicomanie et mon alcoolisme, au double tranchant d'une existence-pénitence jalonnée d'hystériques du chapelet. J'ai envie d'aller taguer des " God is gay " sur les murs de la ville, de transformer leurs prières faussement plaintives en accords de Fender, d'iroshimiser au napalm leurs tentatives d'absolution et faire disparaître leurs corps lilliputiens dans une forêt de bonsaïs. J'ai envie de vivre... "

Bouddha écrase sa Bud et balance le cadavre dans la poubelle archi pleine. Il se lève en direction de la cuisine et revient avec une petite bouteille de Soja.

- " Celui la faut pas en mettre beaucoup. C'est de ma réserve personnelle, j'y fais macérer quelques pincées d'opium pour relever le goût. Et oui, accessoirement je lis dans les pensées mais ça, faut surtout pas qu'ils l'apprennent. Fais une bise à ta femme, vous êtes mignons tous les deux. "

Le monolithe retourne se fissurer sur sa croute bovine, les jambes dans leur capacité maximum à se mettre en tailleur.

Aujourd'hui c'est dimanche
Ça pue la came et la soutane
La religion est un dos d'âne
Sur l'autoroute en carte blanche

Un ou deux avé Maria
Tout est permis dans mon royaume
Tout est permis dans ce coma
Ou tout s'efface le temps d'un psaume.

IV

Les nems, plutôt fades au départ, transformés en rouleaux de l'espace par le soja de Bouddha percutent leurs lunes cérébrales en une myriade d'étoiles filantes. Dans son délire digestif, Jésus a d'étranges visions. Il se voit parcourir des étendues d'eau à pied, guérir la cécité, multiplier de la nourriture au simple pouvoir de sa pensée. L'opium du peuple...

Au summum de la défonce, après avoir ingurgité au goulot la totalité de la petite bouteille d'opiacé ( alors que normalement il en faut juste une petite goutte ) Jésus se rappelle cet adolescent étonnamment barbu pour son âge, d'une incroyable sagesse mais toujours partant pour une bonne soirée sans alcool. Un pro fête bout en train, capable en quelques phrases de galvaniser un public plus ou moins réceptif. Il s'appelait Mohamed mais tout le monde le surnommait Mo. Ils se sont perdus de vue sur les bancs de l'université de Nazareth. Mo s'est consacré corps et âme à la théologie, Jésus préférait jouer de la guitare en tirant sur des gros joints. Des bons souvenirs.

Passés les trois heures de trip, à califourchon sur une défonce hallucinatoire des plus spectaculaire, Jésus commence à redescendre doucement. Avec Marie ils s'installent en terrasse, les pieds dans l'eau de la piscine, le temps d'un café.

Il aurait pu poursuivre ses études, devenir un dictateur de la pensée, offrir son existence en pâture aux ovins toujours friands d'herbe fraîche à mastiquer. Aux promesses de béatification il a préféré le petit cul appétissant de Marie, au chemin de croix, celui qui fuse en ligne droite aux portes d'un septième ciel où le seul dieu légitime se trouve entre ses jambes. Il n'a aucun scrupule à faire le clown au sommet de son perchoir pour amuser la galerie de trépanés. Aucun désir de prêcher la bonne parole, aucune volonté de porter le fardeau d'une humanité incapable d'assumer son irresponsabilité. Il veut juste qu'on lui foute la paix.

L'homme ferait mieux d'étudier Nietzsche au lieu de décortiquer des quantiques sans finalement rien y comprendre. S'ils savaient que la bible est le fruit d'une nuit d'ivresse, écrite sous 3 bouteilles de picrate par un alcoolique à jamais anonyme, persuadé de tenir à l'instar des frères Grimm un best-seller du conte ou de la science fiction. Comment prendre cette fable pour argent comptant ? Qui, sans les astuces bien ficelées d'un Gerard Majax, peut faire marcher un paraplégique au delà de ses 2 mètres d'élan ? Sans le tenir, sans opérer sur lui autre chose que la puissance du saint esprit...

Les croyants ne sont que des ivrognes à jamais assoiffés qui fantasment devant la possibilité de multiplier à l'infini les verres de tise.

Jésus termine en souriant sa tasse de café et va nager. Sous l'eau.

À suivre...

In - Les mémoires de Jésus -
2015

= commentaires =

Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 13/04/2015 à 11:10:02
Cher Jon Ho, l'ensemble vide est un Dieu comme tous les autres si on ne fait pas attention. On peut se prosterner devant lui. On peut proclamer qu'il est unique et supérieur aux autres Dieux (L'absurdité même quand on ne prône même pas le monothéisme). On peut s'en servir pour fédérer d'autres qui croient en lui, galvaniser des troupes en stigmatisant d'autres croyances, lever des armées pour partir en guerre et convertir par la violence et non le dialogue. Faire attention, c'est d'abord ne pas être jusqu'au-boutiste, modérer ses propos, ne pas prendre les textes religieux au pied de la lettre pour tenter de les décrédibiliser : personne ne les prend au pied de la lettre, se sont des support de discussion pour insuffler des valeurs morales aux animaux sauvages que nous sommes sans éducation, des codes de bonne conduite en société, historiquement des metalégislations, des prototypes de codes civils et institutionnels. C'est faire preuve d'obscurantisme que de faire abstraction de tout cela et de bien d'autres choses que je n'ai pas le temps de développer car j'ai piscine, c'est contre-productif pour la cause que vous croyez défendre.
Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 13/04/2015 à 11:47:40
Déjà que l'intention sacrilège est plus que subodorée dans le titre, la première phrase avec son jeu de mot bas de gamme m'a stoppé net.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 13/04/2015 à 18:46:01
Très cher Dourak, j'ai l'impression de passer une Saint Con aux chandelles en tête à tête avec toi.
CTRL X

Pute : 0
    le 13/04/2015 à 18:52:43
Par pitié, ne baisez pas. Je traine parfois dans le coin.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 13/04/2015 à 18:59:11
Je n'y pensais même pas, je savourais le moment. Mais maintenant que nous sommes trois, je me sens tout émoustillé.
Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 13/04/2015 à 22:36:08
Chandelles à la Saint-Con, guerre civile à la moisson.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 14/04/2015 à 09:09:55
Je nous imaginais plutôt conversant philosophie dans un jacuzzi en dégustant un single malt japoney de 10 ans avec en toile de fond la nuit, les étoiles, la lune et un gigantesque feu d'artifice de cons catapultés avec leur ceinture explosive à retardement. Oh la belle bleue !
CTRL X

Pute : 0
    le 14/04/2015 à 11:17:14
Je bourre une pipe à opium, règle le jacuzzi en mode "Insane Frictions (evacuate old people with heart disease)", me laisse aller à pisser un coup ni vu ni connu et demande :"Sinon, ce texte de Jon Ho ? Bien ou bien ?". Mais on dirait que le bouquet final approche car les onze joueurs de l'équipe de France de football explosent de concert au-dessus de nous dans un motif étoilé multicolore, faisant preuve de solidarité collective pour la première fois de leur foutue carrière.

Commentaire édité par CTRL X le 2015-04-14 11:17:46.
Koax-Koax

Pute : 1
    le 14/04/2015 à 20:39:53
C'est drôle parce que, ah ah, uh uh, c'est Jésus et tout, pis y font des trucs et y disent des trucs qu'y sont pas sensés faire, comment c'est trop osé, eh. Qu'est-ce qu'on se marre putain.

Commentaire édité par Koax-Koax.
David

Pute : -3
immolation par noyade    le 17/04/2015 à 14:12:39
Salut,

ah... AH, ahahhah ! On reconnait bien là la brebis perdue qui renonçant à la concrétude d'un déroulement bien structuré tente de s'ingénier à tisser de fil en aiguille un plan à l'anglaise, pour s'abimer bravache et revêche sur une fin en forme de "à suivre" comme dans un vulgaire petit mickey...

tarie, les couilles, ramollie l'érection ! ahahaha ! Arrivée à la fin, même plus la fougue de faire un p'tit couplet sur mahomet, il botte en touche ! ahaha, il essuie précocement son foutre avant les touches du mot fin.

lamentable, submersible, acouphène !

Nous même, lecteur, n'avons plus que ce rôle de pupute à caillasser ta lèpreuse comme une bière à faux col, c'est bien fait pour ta gueule, tu n'es qu'un petit salaud !
Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 03/05/2015 à 16:45:08
Rien de nouveau sous le soleil de Satan avec ce texte.

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