LA ZONE -

Rêve pavillonnaire

Le 01/11/2025
par LePouilleux
[illustration] Je regardais la frêle pluie d'été qui commençait à écraser ses gouttes contre la porte-fenêtre du salon. L'eau traçait des veinures gorgées de lumière en glissant le long de la vitre. Dehors, le ciel prenait une teinte plus foncée. Il se gonflait d'électricité statique. Les tuiles rouges du pavillon des voisins luisaient déjà d'humidité. Un faux palmier s'agitait dans tous les sens en prenant le vent. Le mini-quad de Rayanne gisait par terre, sur la terrasse, renversé par de soudaines bourrasques. J'avais la flemme de le mettre à l'abri. Malgré la chaleur qui se traînait encore, un léger frisson me parcourut l'échine.
Autrefois, par temps clair, on pouvait apercevoir le Mont-Blanc d'ici. Aujourd'hui, il y avait un immense champs de maïs qui s'était réduit à un bout de verdure perdu au milieu des lotissements et des îlots d'immeubles. Le vieil agriculteur, qui le cultivait encore, crèverait probablement sur son tracteur d'ici quelques années. Une nouvelle zone commerciale poussera alors sur ce qui reste de végétation. Peut-être que ce sera une belle boulangerie industrielle qui ouvrira ses portes avec un large parking devant. Ce serait bien une boulangerie à côté de la maison. On pourrait même s'y arrêter quand je ramènerai Brianna de la danse.

Enfant, je voyais ces grands chantiers se déployer autour de moi, déclenchés par des forces mystérieuses et gigantesques, comme le symbole d'une vie inextricablement en marche. Je ne comprenais pas qu'il puisse y avoir des espaces encore vierges d'habitats monumentaux. Le paysage changeait au grès des booms immobiliers de la région frontalière. Des zones urbanisées apparaissaient qui mettaient du temps avant de se remplir définitivement de présence humaine. Je les parcourais avec enthousiasme du haut de ma bicyclette, lors de longs dimanche après-midi, imaginant la vie que ces quartiers tout neufs abriteraient, l'activité frénétique qui s'y développerait. Je rêvais d'habiter dans ces utopies urbaines qu'on affichait de partout sur les plaquettes et les panneaux de chantier.

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Lapinchien

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Pute : 92
à mort
    le 31/10/2025 à 19:13:25
Comme beaucoup des zonards historiques, LePouilleux a subitement disparu de la circulation en début d'année et je n'ai pas la moindre idée de pourquoi il y a eu cette hécatombe. C'est peut être générationnel et qu'on a d'autres priorités que l'écriture et la Zone dans la vie, j'en sais rien et surtout je ne sais pas pourquoi ça a touché tout le monde en même temps. Peut être que je pue de la gueule et que j'ai fait fuir tout le monde ? Quoi qu'il en soit, LePouilleux pendant les Nocturnales qu'on organisait le samedi soir, sorte de rendez-vous hebdomadaire où on se regroupait pour passer du temps à écrire ensemble chacun sur nos textes, avait émis le souhait de faire un triptyque sur les zones périurbaines. Il en avait écrit 2 parties que je trouvais excellentes comme tous ses textes en général alors comme je voulais partager ces petits bijoux avec tous les nouveaux zonards, j'ai publié les 2 premières parties comme elles étaient publiques sur le forum et surtout que je les ai trouvées sublimes. En espérant, qu'il reviendra avec les autres pour écrire la dernière partie.

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