Autrefois, par temps clair, on pouvait apercevoir le Mont-Blanc d'ici. Aujourd'hui, il y avait un immense champs de maïs qui s'était réduit à un bout de verdure perdu au milieu des lotissements et des îlots d'immeubles. Le vieil agriculteur, qui le cultivait encore, crèverait probablement sur son tracteur d'ici quelques années. Une nouvelle zone commerciale poussera alors sur ce qui reste de végétation. Peut-être que ce sera une belle boulangerie industrielle qui ouvrira ses portes avec un large parking devant. Ce serait bien une boulangerie à côté de la maison. On pourrait même s'y arrêter quand je ramènerai Brianna de la danse.
Enfant, je voyais ces grands chantiers se déployer autour de moi, déclenchés par des forces mystérieuses et gigantesques, comme le symbole d'une vie inextricablement en marche. Je ne comprenais pas qu'il puisse y avoir des espaces encore vierges d'habitats monumentaux. Le paysage changeait au grès des booms immobiliers de la région frontalière. Des zones urbanisées apparaissaient qui mettaient du temps avant de se remplir définitivement de présence humaine. Je les parcourais avec enthousiasme du haut de ma bicyclette, lors de longs dimanche après-midi, imaginant la vie que ces quartiers tout neufs abriteraient, l'activité frénétique qui s'y développerait. Je rêvais d'habiter dans ces utopies urbaines qu'on affichait de partout sur les plaquettes et les panneaux de chantier.
LA ZONE -
Je regardais la frêle pluie d'été qui commençait à écraser ses gouttes contre la porte-fenêtre du salon. L'eau traçait des veinures gorgées de lumière en glissant le long de la vitre. Dehors, le ciel prenait une teinte plus foncée. Il se gonflait d'électricité statique. Les tuiles rouges du pavillon des voisins luisaient déjà d'humidité. Un faux palmier s'agitait dans tous les sens en prenant le vent. Le mini-quad de Rayanne gisait par terre, sur la terrasse, renversé par de soudaines bourrasques. J'avais la flemme de le mettre à l'abri. Malgré la chaleur qui se traînait encore, un léger frisson me parcourut l'échine. = ajouter un commentaire =
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= commentaires =
Comme beaucoup des zonards historiques, LePouilleux a subitement disparu de la circulation en début d'année et je n'ai pas la moindre idée de pourquoi il y a eu cette hécatombe. C'est peut être générationnel et qu'on a d'autres priorités que l'écriture et la Zone dans la vie, j'en sais rien et surtout je ne sais pas pourquoi ça a touché tout le monde en même temps. Peut être que je pue de la gueule et que j'ai fait fuir tout le monde ? Quoi qu'il en soit, LePouilleux pendant les Nocturnales qu'on organisait le samedi soir, sorte de rendez-vous hebdomadaire où on se regroupait pour passer du temps à écrire ensemble chacun sur nos textes, avait émis le souhait de faire un triptyque sur les zones périurbaines. Il en avait écrit 2 parties que je trouvais excellentes comme tous ses textes en général alors comme je voulais partager ces petits bijoux avec tous les nouveaux zonards, j'ai publié les 2 premières parties comme elles étaient publiques sur le forum et surtout que je les ai trouvées sublimes. En espérant, qu'il reviendra avec les autres pour écrire la dernière partie.
Je partage ton opinion, le texte est vraiment extrêmement bien écrit, juste un petit truc qui me gêne : le mot "belle" à propos de la boulangerie industrielle. Je pense que c'est sarcastique mais je ne sais pas, je trouve que ça colle pas.
Lapinchien Ce matin j'ai eu une belle surprise dans ma boîte aux lettres mail : une des associations dont je fais partie lance un appel à textes. Je me suis marrée et j'ai pensé à toi. Et non, je participerai pas lol
Bien écrit, mais trop contemplatif à mon goût.
J'aime faire remuer les mots et pas à être remué par eux.
oui, c'est la grande mode en ce moment quand on jette un coup d’œil sur "Textes à la pelle" et équivalents, on a une recrudescence des sites/organismes/lémuriens qui lancent des appels à textes. ça va de la mairie de Pétaouchnok aux organisateurs du dernier festival à la saucisse en vogue. C'est un peu une mutation des jeux concours d'antan avec ce que sont devenus les internautes : des aligneurs de caractères alphanumériques au kilomètre et puis c'est plus gratifiant et moins onéreux qu'un jeu concours de faire appel à la créativité de chacun. La différence avec la Zone, c'est qu'ici on a rien vendre et qu'on vous fait pas miroiter des pacotilles. On fait ça depuis 2001 et la littérature n'est pas juste un prétexte, c'est dans l'ADN des lieux.
Ça a un parfum de Philippe Delerm sous antidépresseurs, ou de moderne Flaubert en lotissement, et c’est un compliment.
yep.. cool ce texte.. bien écrit et sensible.. kiff
Rien a ajouter, c'est joli
ah si une concordance des temps un peu dodgy au milieu, mais c'est sans doute poétiquement voulu.