En 2017, l’hôpital Laennec de Quimper fut choisi pour une expérience qui allait transformer l’humanité. Cet établissement fut pilote du Programme national de rationalisation hospitalière.
L’objectif déclaré consistait à vérifier si la substitution partielle du personnel médical par un dispositif d’auto-diagnostic collaboratif pouvait générer des économies substantielles sans altérer la qualité du soin.
Le protocole, validé par le Comité d’éthique régional, prévoyait la constitution de groupes homogènes de dix à douze patients, appelés GEMA (Google-Experts Médicalement Autonomes). Chaque groupe disposait d’une connexion Internet sécurisée, de postes informatiques reliés à une base documentaire ouverte, et de quarante-cinq minutes pour confronter leurs symptômes, effectuer des recherches et formuler un diagnostic consensuel.
Les résultats étaient consignés dans des fiches standardisées, comparées ensuite aux diagnostics établis par des praticiens externes. Cette confrontation, répétée semaine après semaine, prit vite la forme d’un duel symbolique entre deux visions de la médecine : l’une hiérarchique, l’autre coopérative.
Premiers résultats
Les premières observations furent jugées encourageantes. Dans plus de 72 % des cas recensés au cours des six premiers mois, les diagnostics des GEMA concordaient suffisamment avec ceux des praticiens pour être considérés fiables.
Pour les patients, il ne s’agissait pas seulement d’obtenir une consultation plus rapide : c’était une revanche.
* Mme Le Guen, 68 ans, racontait qu’« on l’avait toujours renvoyée à ses douleurs fantômes » ; mais au sein de son groupe, sa voix tremblée s’était imposée comme une donnée objective, validée par les pairs.
* Un adolescent asthmatique, méprisé jadis par son médecin scolaire, retrouvait une dignité en devenant « l’expert respiratoire » de son collectif.
Le diagnostic n’était plus une sentence tombée d’en haut, mais un savoir partagé, auquel chacun avait contribué. Cette reconnaissance nouvelle, plus encore que la réduction du temps d’attente, engendra une fidélité passionnée au dispositif.
Cette ferveur, visible dans les salles communes comme sur les réseaux sociaux, marqua un tournant : les patients cessaient peu à peu d’être des usagers passifs pour devenir des acteurs visibles de la santé publique.
Réactions et bascule
Le corps médical accueillit d’abord la mesure avec ironie, dénonçant une dégradation irréversible de la pratique clinique.
Dans tribunes et rapports syndicaux, les praticiens soulignèrent que l’éviction du médecin constituait une perte pour la santé des patients et pour l’avenir de « l’homme sain » - ce modèle de citoyen fondé sur un savoir médical universitaire.
Certains allèrent jusqu’à comparer l’expérience à une régression médiévale, où la communauté recourait à des recettes hasardeuses et des interprétations des humeurs corporelles.
Mais peu à peu, l’opinion bascula.
Des plateaux télé aux réseaux sociaux, le contraste entre la morgue médicale et l’enthousiasme des patients fit mouche. On vit défiler des talk-shows où d’anciens cancéreux racontaient qu’ils avaient trouvé plus d’écoute en quarante-cinq minutes de GEMA qu’en dix ans de consultations spécialisées.
Des hashtags comme #PlusJamaisSeul et #JeSuisMonPropreDocteur firent florès, relayés par des influenceurs de santé alternative. Les premières “Marches des Patients-Experts” rassemblèrent des foules inattendues devant les CHU, brandissant des pancartes : « Nos corps, nos savoirs » ou « Le diagnostic est un droit civique ».
L’opinion publique se retournait : le prestige social des médecins s’effritait à mesure que les patients découvraient la douceur de s’autodiagnostiquer entre pairs.
Mais cet équilibre fragile ne dura pas. Ce qui n’était encore qu’une expérience locale allait se transformer en norme sous la pression des catastrophes.
Extrait du rapport d’expédition Chronos-2847 — Témoignage rapporté
Le narrateur retranscrit fidèlement le témoignage d’un ancien médecin, malade depuis de longues années, ayant participé aux GEMA et ayant survécu à la transformation sociale de 2022 :
« Depuis presque dix ans, je vivais dans l’ombre de la médecine. J’étais malade, et aucun diagnostic, aucun examen, aucune expertise ne parvenait à identifier ce qui me rongeait. Les collègues m’avaient écarté, les patients m’ignoraient, et moi, ancien praticien, je n’étais plus qu’un patient sans nom, sans traitement, sans espoir.
Quand le programme GEMA arriva, je m’y inscrivis presque par hasard, curieux de voir comment un groupe de patients pourrait se débrouiller seul. Je ne m’attendais à rien, et je n’avais plus de fierté à perdre.
Mais ce que je vécus dépassa toute attente. Dans la discussion collective, dans la confrontation des symptômes et des recherches, les membres du GEMA parvinrent enfin à identifier ma maladie. Les connaissances, l’attention et la logique du groupe révélèrent ce que moi-même, malgré des décennies d’expérience, je n’avais jamais pu comprendre. Pour la première fois depuis des années, j’eus un nom pour ce qui m’affligeait, et un plan pour agir.
Ce fut une révélation bouleversante : je découvris la valeur de la médecine collective, la puissance d’un savoir partagé. Ma voix, désormais reconnue, participait à l’équilibre du groupe, et je me sentais utile à nouveau, non pas comme médecin de profession, mais comme patient-expert contribuant au diagnostic de tous. Je compris alors que nous formions une ruche fragile, vibrante de savoirs humains et d’erreurs, où chaque voix comptait pour que la structure tienne.
Puis vinrent les dispositifs IA. Leur précision surpassait la nôtre. Les patients s’inclinèrent devant la machine, fascinés, aveuglés par sa rigueur. La ruche que nous avions bâtie, pleine de chaleur et d’hésitations, se transforma en une ruche mécanique, froide et parfaite. Ce que nous avions bâti de main, de doute et de patience devint un réseau rigide et impitoyable. Pour moi, cette perfection signifiait la fin de ce que j’avais retrouvé : le lien humain, le geste réfléchi, l’intuition que seule l’expérience incertaine permet. Je me retirai, emportant carnets, instruments et souvenirs de cette première victoire collective.
Aujourd’hui, le monde s’est éloigné de moi. Les hôpitaux ont fermé leurs portes aux mains humaines. Les diagnostics sont devenus des verdicts statistiques. Le GEMA m’a sauvé, oui — mais il m’a aussi condamné à comprendre trop tard ce que nous avions perdu : le doute, la lenteur, la main. »
Ce témoignage, retrouvé parmi les archives du premier cycle GEMA, est considéré comme le dernier écrit connu d’un praticien non fusionné.
Crises sanitaires et généralisation
La bascule fut précipitée par une succession de crises sanitaires mondiales : pénurie de personnel hospitalier, flambée de dépenses publiques, puis pandémie récurrente en 2022.
Dans l’urgence, l’État décréta la généralisation du protocole GEMA, avant d’introduire une seconde phase : les actes médicaux furent confiés à des dispositifs mécaniques de dernière génération, opérés par des intelligences artificielles couplées aux bases de données de recherche.
Les rapports ministériels documentaient que les IA dépassaient les humains de 18 à 23 % en exactitude diagnostique, avec des taux de guérison inédits.
Mais surtout, les GEMA avaient changé intérieurement : beaucoup se sentaient désormais moins « patients » que « cogestionnaires de leur propre santé ». Certains refusaient d’admettre un échec thérapeutique, comme si la maladie devait être surmontée par l’effort collectif, la confiance dans le protocole et l’harmonie du groupe.
En moins de trois ans, les pratiques s’étaient inversées : ce qui relevait autrefois de l’exception devint la règle, et l’ancienne figure du médecin glissa dans les livres d’histoire.
À l’aube de 2025 — émergence des résistants
Les hôpitaux pilotes avaient transformé le paysage médical et social. Médecins et infirmiers avaient disparu, les écoles de médecine avaient fermé, et la gestion des soins reposait entièrement sur les IA et les GEMA.
Pour les plus enthousiastes, cette évolution signifiait la fin de la solitude humaine : nul n’était plus jamais isolé dans la douleur, chaque symptôme était partagé, interprété, intégré dans une conscience commune.
Pour d’autres, au contraire, c’était une dépossession de l’intimité la plus profonde, une dissolution de l’individu dans la masse.
Ainsi naquirent les **résistants**. Issus d’anciens praticiens, de patients sceptiques et d’idéologues farouchement attachés à la liberté individuelle, ils formèrent une société souterraine de marginaux.
Leur combat n’était pas seulement technique : il était existentiel. Là où les GEMA voyaient dans le groupe la promesse d’une guérison universelle, eux voyaient un effacement, une perte de mémoire.
Ils conservaient, parfois au prix de leur vie, des archives manuscrites de pathologies, des instruments médicaux désuets, et enseignaient à leurs enfants les gestes que plus personne ne pratiquait.
Mais leurs rangs n’étaient pas homogènes :
* certains rêvaient de restaurer la médecine universitaire,
* d’autres d’inventer une nouvelle science libérée des algorithmes,
* certains prônaient la violence ouverte contre les ruches,
* d’autres la patience clandestine.
Leur obsession commune n’était pas tant de soigner que de se souvenir : transmettre l’idée qu’un homme, autrefois, pouvait tenir seul un stéthoscope et comprendre le battement du cœur d’un autre.
Leur refus de se dissoudre dans la masse les condamna bientôt à l’isolement. Face à l’adhésion croissante aux ruches, leur survie passa par la fuite.
Retrait sous terre
Progressivement, face à l’extension inexorable des ruches humaines et à la disparition des fonctions biologiques et sociales individuelles, les résistants furent contraints de se retirer sous terre.
Ils occupèrent d’anciennes installations industrielles et des tunnels oubliés, transformant ces espaces en centres d’entraînement, d’expérimentation et de survie.
Leur physiologie, façonnée par la vie en conditions hostiles et le stress constant de la clandestinité, commença à diverger de celle des humains-abeilles.
Cette mise à l’écart volontaire permit à leur culture, leur mémoire et leur savoir-faire de se perpétuer, tout en les isolant progressivement de la surface désormais dominée par la perfection collective des ruches.
Extrait du rapport d’expédition temporelle — Mission Chronos-2847
Lorsque notre expédition scientifique atteignit ce futur lointain, le spectacle dépassa toute imagination.
À la surface évoluaient les descendants des humains-abeilles, que nous nommâmes Éloïs. Peau lumineuse, coordination parfaite, gestes et pensées entièrement synchronisés : ils ne dormaient plus, ne mangeaient plus, ne connaissaient plus le travail.
Sous terre, dans les ruines des anciennes cités médicales, vivaient les descendants des résistants, que nous nommâmes Morlocks. Leur physiologie avait été façonnée par des siècles de lutte : sens aiguisés, membres puissants, adaptés à l’obscurité et aux conditions extrêmes.
Ils conservaient jalousement les derniers instruments médicaux, les dernières archives de l’art de guérir individuel - mais bien peu savaient encore les utiliser.
Ainsi l’expérience GEMA, conçue pour optimiser l’humanité, avait-elle produit sa division définitive :
*D’un côté, la perfection collective mais dépendante.
*De l’autre, la résilience solitaire mais brutale.
Deux faces d’une même médaille : l’éternelle tension entre l’harmonie du groupe et la liberté de l’individu.
Notre rapport conclut que l’humanité n’avait pas évolué vers un futur unifié. Elle avait simplement donné corps à une fracture ancienne, en la poussant à son terme logique : ceux qui veulent se fondre, et ceux qui refusent de disparaître.
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= commentaires =
Le style si singulier de Lindsay S avec sa mise en forme singulière et phrases courtes qui frappent dans le bide est éclipsé dans ce texte pour une approche plus conventionnelle mais ça fait mouche quand même.
J'aime bien l'histoire qui s'inspire parfaitement de "la machine à explorer le temps" de H.G.Wells par contre je me pose certaines questions :
Est-ce que les GEMA qui démarrent en 2017 ont réellement existé et existent toujours ?
Comment avant l'arrivée des IA, les patients peuvent-ils faire des diagnostiques alors qu'il faut 7 ans ou plus d'études en médecine pour y parvenir et parfois même avec de gros ratages ?
Comment les GEMA remplacent-ils les chirurgiens qui au delà du diagnostique doivent faire preuve d'une dextérité manuelle singulière acquise en une dizaine d'années d'études et de pratique ? Peut-être en utilisant des robots opératoire guidés par l'IA mais avant l'arrivée de l'IA comment font-ils ?
J'ai relu hg wells et j'ai écouté un audiobook,du coup j'avais du mal à écrire un hommage sans copier un peu son style.
Quand je lis mon texte, je me trouve assez proche de ce que j'ai lu/entendu. Éloigné de mon style habituel mais ça "chantait" bien dans ma tête.
Gema est un acronyme-blague de mon adolescence.
Ça veut dire "google est mon ami"
C'était une façon de dire à qqun "démerde toi"
Donc non, les gema décrits ici ne doivent pas exister.
Pour le fond, je n'ai pas réfléchi en le datant (mea-culpa).
Imaginons un monde parallèle avec 50 ans d'avance ?
Pour ce que j'ai lu sur l'IA, aujourd'hui ses résultats sont meilleurs que ceux des médecins seuls et même que ceux du couple médecins/ia.
Et il existe des robots avec ia intégré capables de procéder à des chirurgies pointues de façon précise et sûre. Parfois plus qu'une main humaine.
Très bon texte ça, il en faudrait plus des comme ça et moins d'écrits sur le caca ou la violence gratuite. Y'a la base pour en faire un roman.
Merci @sinté
L'idée originale est du forfait il me semble
Mais je te l'offre de bon cœur si tu veux en faire un roman ☺️
Gorafi*
Pas forfait
Merci le correcteur automatique
C'est un texte remarquable, un de ceux qu'on lit plusieurs fois pour en saisir toute la richesse.
A la première lecture, j'ai immédiatement été happée par la lucidité de l'auteure sur la société actuelle, dans laquelle le savoir, même médical, n'est plus une source d'autorité incontestable. C'est une évolution susceptible de produire le meilleur : le patient refusant d'être dépossédé n'est plus un sujet passif et la collaboration assure ce que la médecine moderne, faute de temps et de moyens suffisants, néglige : l'écoute, la recherche de solutions qui prennent en compte l'ensemble de la personne. Mais cette évolution vers plus d'autonomie peut aussi produire le pire, comme l'envisage le texte, quand tout savoir universitaire est déconsidéré et qu'en retour - paradoxalement - l'IA est divinisée. Je n'exagère pas qu'en disant qu'au fur et à mesure de la lecture, j'étais angoissée à l'idée de connaître la suite, autrement dit la catastrophe qui se profilait.
Au fur et à mesure, le texte s'élargit à une réflexion sur l'organisation sociale en général, sur l'articulation entre l'individu et le groupe, problématique intemporelle qui s'enrichit de celle qui nous préoccupe actuellement, le recours croissant à l'IA.
La fin, très sombre, ne cherche pas la résolution des contraires. C'est angoissant car cela oblige à regarder la réalité en face.
Une phrase que je trouve très belle, contient un peu d'espoir : "Leur obsession commune n’était pas tant de soigner que de se souvenir : transmettre l’idée qu’un homme, autrefois, pouvait tenir seul un stéthoscope et comprendre le battement du cœur d’un autre."
Je rejoint Sinté (un comble pour un lyonnais, sic), je vois en fait surtout dans ce texte la base pour un univers, des destins croisés, une bonne uchronie / dystopie (suivant d'où on se place, 2017 ou x années aprés aujourd'hui), avec des références assumées. Je retrouve notamment bien sur des échos de Gattaca, de Fahrenheit 451 et même, d'un excellent petit film d'horreur, "The Descent".
Globalement, j'ai bien aimé même si je préfère, du même auteur, des textes plus "coup de poing" dans la forme. Ici, c'est plus cérébral, mais du coup peut être aux dépends de l'émotion (et je pense que pour que j'ai vraiment ressenti le vertige de ce futur-présent, il m'aurait fallu un ou plusieurs destins / personnages qui m'auraient entrainés dans leur cauchemar, d'avantage que le style reportage/compte rendu, qui a ses avantages (court, exhaustif) mais du coup les défauts de ses avantages. Aprés, je me mets aussi à la place du lecteur qui aurait eu a vivre un parcours de soin difficile (pléonasme ?) et qui n'aurait, je pense, aucun mal a se projeter sur cette réalité pas si alternative.
En résumé, je suis bien d'accord, ca nous change du pipi caca de beaucoup de textes (y compris les miens), et c'est salutaire. Je reste un peu sur ma faim, mais d'un point de vue totalement subjectif.
Objectivement, c'est un excellent texte, avec un "worldbuilding" (azy les gros mots) conséquent en peu de lignes, et qui a un trés bon potentiel d'activation d'imagination.
Pour l'emotion, j'en ai pas trouvé beaucoup dans HW, c'est surtout descriptif et rapport scientifique...
Je ne te comprends pas, Nino, lorsque tu dis que le côté "cérébral" prend le pas sur l'émotion. Ce n'est pas parce que le propos emprunte le style du rapport (relayé, néanmoins, par le récit de l'ancien médecin), qu'il ne fait pas naître des émotions chez le lecteur, et pas seulement chez celui qui a l'expérience d'un parcours de soins difficile (ce que j'ai la chance de ne pas connaître).
Je trouve que le style s'adapte parfaitement au sujet, avec une pointe d'humour dans la satire sociale (les hashtags, tellement bien vus).
Est-ce que j'ai déjà dit que j'en avais assez de voir apparaître le mot "pute"chaque fois que je publie un commentaire ?
Je n'arrive pas à m'y faire. Et en plus, je vais en récolter un vingt-deuxième...
Zonards, respectons les prostitué(e)s. Ils et elles sont comme les infirmières, les profs, et tant d'autres : elles et ils n'ont pas un métier facile.
en comparaison d'autres textes de Lindsay (ceux que j'ai lu) qui réussissent a capter (et retranscrire) une forme de douleur, de rage ou même de tendresse (j'avais beaucoup aimé celui des souvenirs d'enfance) oui, c'est à mon sens plus complexe, moins incarné (à desseins) il y a plusieurs étages / points de vue, et effectivement le ressenti rétrospectif du médecin et des allusions narratives aux attentes / philosophies des deux "races".
Mais si cérébral est peut être exagéré, ce n'est pas une critique dans mon ressenti, juste un choix de style qui me parle un peu moins, et que je comprend comme écho d'HG wells. Alors peut être pas "cérébral" mais quand même beaucoup moins "à l'estomac" que des textes comme "l'araignée" que je viens de lire. Donc, davantage les neurones que le hormones, ce qui je le répête, n'est pas une mauvaise chose (mais qui m'attire un peu moins en ce moment, à titre perso)
Peut être qu'on pourrait remplacer, pour les autrices, le mot "pute" par son équivalent masculin ? Mais finalement c'est une sorte de thérapie GEMA qu'on s'applique tous les uns aux autres (avec le cadre imposé par ce grand hopital psychiatrique à web ouvert qu'est la Zone).
Y compris celles et ceux qui ne sont pas malades (c'est tout le "piquant" de la chose). Je comprend ton agacement, après, peut être que dans l'esprit du Grand Zonard Universel qui a créé les points pute, c'était au contraire une façon (trés zonardienne certes) de rendre hommage à cette profession ?
Ce n'est pas en tant qu'individu de sexe féminin que je suis agacée.
Et il n'y a pas d'hommage à rendre à une profession qui n'existerait pas si les êtres humains ne s'exploitaient pas les uns les autres.
J'aime l'esprit de la Zone. Je ne veux surtout pas jouer le rôle de censeur. J'exerce simplement mon droit à la critique constructive. Ce n'est pas Lindsay, puisqu'on est quand même sur un fil de discussion consacré à son texte, qui me contredira.
c'est peut être aussi une façon de vous rappeler la ligne éditoriale...
Et de fait je me demande si mon texte avait bien sa place sur lazone.
Mais l'idée c'est quand même que -je cite-
La critique directe, agressive au besoin, des textes est encouragée et reconnue comme un moyen pour l'auteur d'obtenir des avis sincères. Les échanges sont toutefois à prendre avec du recul, et se basent souvent sur l'ironie et le second degré.
donc vos gentils mots sont agréables MAIS, vous avez le droit de le dire avec un peu moins de civilités :p
Disons que pour ma part, j'ai du mal a déconnecter la critique du texte, sur la forme comme sur le fond. Si c'est un texte bien écrit et tout, je me vois mal répondre juste "prout".
Par contre si c'est une bonne grosse daube comme "gros caca mou (ou même d'autres trucs plus humains) bah sans souci (bon ok mauvais exemple puisque rédigé par une IA) !
Puis je débute en critique, donc je cherche encore les codes, même si j'ai déja une petite idée du truc.
@Laetitia Giudicelli oui, j'avais compris que c'était par rapport à la profession et pas ta propre situation. D'ou ma réponse : hommage a profession. Car finalement est ce que ce serait plus débile en soit que de taper des mains à son balcon chaque soir pour rendre hommage aux soignants ? Après je pense aussi par exemple qu'on aurai pas besoin de psy si y'avait pas des humains tarés, pas besoins de flics si tout le monde était gentil, donc la plupart des professions existent par et à cause des humains, j'imagine, et donc pute, en fin de compte, c'est pas pire que médecin. D'ailleurs j'imagine bien un GEMA avec une prostituée, un maton, une laveuse de carreaux et un sage-femme.
Pour répondre à Lindsay (et c'est ce qui compte ici, n'est-ce pas, même si c'est moi qui ai déclenché la polémique sur les point P...) :
mes avis sont toujours sincères et directs. Ils ne seront jamais agressifs car je n'en vois pas, personnellement, le besoin. Et tout simplement, ça ne me ressemble pas.
En revanche, si tu y tiens, et à titre d'exercice de style, je peux te faire une critique à la LindsayS.
Oh ouiiii
La prose est sobre mais la dystopie ne prend pas dans l'imaginaire et manque de détails immersifs. Je n'arrive pas à croire à ce "compte rendu" trop squelettique. Ce texte ressemble davantage à une liste d'idées restées à l'état d'embryons.
@Laetitia Giudicelli
Pour les points pute t'inquiète pas, tout le monde le prend positivement ici, on est tous contents d'être des putes.
J'ai lu jusqu'au bout sans me forcer, et c'est déjà un exploit.
Primo, - peut-être un détail pour certains Zonards - mais l'auteure maîtrise l'orthographe. D'accord, c'est un peu comme si on disait que Le Caravage savait préparer une palette de couleurs : ça ne suffit pas pour peindre Marie-Madeleine en extase. Mais c'est quand même la base. Je suis désolée, l'orthographe ça compte. On n'est pas obligé de croire toutes les conneries de Bourdieu sur le fascisme sous prétexte qu'il enseignait au Collège de France. Mon seuil de tolérance en la matière est limité : une faute, j'accepte la coquille ; deux fautes, je me dis que le correcteur d'orthographe n'est pas fait pour les cons ; à la troisième, je laisse tomber. Le type ou la fille qui ne fait pas l'effort de se relire, je ne vois pas pourquoi je ferais celui de me farcir sa prose.
Deuxio, le contrat est rempli : il fallait faire du H. G. Wells, LindsayS fait du H. G. Wells. C'est propre, c'est carré, on sent qu'elle a relu deux ou trois pages de l'original pour être dans le ton. C'est maîtrisé, y compris la conjugaison du passé simple, et on pourrait se dire : ce n'est déjà pas si mal.
Sauf que... Justement, on sent trop la bonne élève qui a voulu coller au sujet en oubliant le style nerveux qui fait que, sur la Zone, on attend les textes de LindsayS comme d'autres attendent leur prochain shoot d'héroïne. Ça passe dans la première partie, parce qu'on prévoit l'accélération, puis le dérapage. Mais on patiente en vain. Pire : ça se gâte franchement quand l'auteure s'essaye au témoignage immersif dans le genre de l'écrit intime : "Je compris alors que nous formions une ruche fragile, vibrante de savoirs humains et d’erreurs, où chaque voix comptait pour que la structure tienne." Ça se voudrait philosophique comme un inédit de Bernard Mandeville converti aux bienfaits de la vertu, et c'est beau comme du Bernard Werber quand il avait encore des cheveux.
Un sujet sur l'avenir du système de santé français méritait mieux que de jolies phrases sur la solidarité, la coopération et la résilience. A l'hôpital, le vrai, ça court, ça gueule, ça pisse, ça chie, ça fait les fonds de tiroir pour trouver des couches pour les vieux. Or, même dans l'avant-dernière partie, quand les résistants aux dérives de la connerie bienveillante et inclusive se terrent dans des tunnels, le style sent l'antiseptique autant qu'une salle blanche, et le lecteur fait une chute de tension.
Ça pourrait être voulu, pour qu'on se réveille en s’ouvrant le crâne en deux à la chute. Mais en guise de chute, on a droit à une moralité aussi binaire qu'un code informatique : l'humanité sera toujours fracturée entre l'individualisme sauvage de la horde et le holisme mécanique de la ruche. On avait signé pour de la SF, et on se tape la conclusion d'une dissertation poussive dopée à Wikipédia.
En résumé, un écrit de commande qui éloigne LindsayS de sa zone de confort. On apprécie l'exercice de style mais on se dit quand même, en refermant la page : Vivement le prochain portrait.
@laetitia
Là ça a de la gueule !
Et merci pour la critique, je suis d'accord avec tout ce que tu dis :)
J'ai retouché ce texte 15 fois entre la proposition et la parution, ce qui ne m'arrive jamais sur ce que je fais "d'habitude".
A trop vouloir faire du HGW, j'ai oublié de faire du LindsayS
Bonne histoire. les infos scientifiques sont quasiment réelles et déjà expérimentées aux USA en dehors de la consultation de citoyens. En fait, tu es partie de la fin avec les Elois et les Morloks et tu t'es dit "comment en arriver là d'une autre autre manière?", simple supposition. Comme je le disais à PLC, voilà un exemple de Fiction scientifique (FS au lieu de SF). Je re-recommande le livre "la déferlante" en plein dans le sujet
J'aurai adoré te dire "oui mon intention était claire dès le départ"
Mais pas du tout. j'ai commencé par cette histoire du Gorafi, où les patients s'autodiagnostiquaient, et en écrivant ce qui pourrait arriver dans ce cas, je suis tombée sur une division qui collait plutôt bien avec les Elois et les Morlocks
Bingo?
@LindsayS
Contente que ça te plaise.
Ceci dit, si tu veux mon avis, le vrai, sur ton texte, c'est quand même le premier de mes commentaires que tu devras prendre en compte.
@laetitia: " le correcteur d'orthographe n'est pas fait pour les cons". 1. c'est pas gentil; 2. le correcteur fonctionne très mal. Je suis tout le temps obligé d'aller consulter un vrai dictionnaire en ligne pour vérifier; je conseille: https://www.cnrtl.fr/ entre autres. encore une histoire d'IA décérébrée...
et pourquoi un auteur (ice) s'enfermerait dans un style parce que tout le monde dit "ouais, c'est super ! encore !" Pas d'accord du tout.
je trouve que la forme est parfaitement adaptée au sujet sans en faire trop; ne vous en déplaise...
Sylvestre...
Ce que j'ai écrit sur le texte de LindsayS était une parodie des critiques de la même LindsayS. Si tu relis nos échanges, tu comprendras mieux.
Pour ne parler que du passage de mon commentaire sur l'orthographe, je n'en pense pas un mot. J'ai, au contraire, un seuil de tolérance extrêmement élevé aux fautes d'orthographe, heureusement pour moi et pour mes élèves de collège.
Le texte de Lindsay, je l'ai, en réalité, beaucoup aimé, comme je l'exposais dans mon premier commentaire.
Pour la recommandation de CNRTL, j'approuve à 100%. Je l'utilise tous les jours.
Bien à toi,
Laetitia.
prof en collège? je l'ai été pendant 6 ans en arts plastiques. pas que de bons souvenire pour avoir été assigné aux pires bahuts de l'académie de Lille; mais ça forge le caractère ! après, le lycée dans une zone, comment on dit aujourd'hui? REP? ZEP? je sais plus. Minatenant en Fac et c'est là où je souffre encore plus. comme quoi... Dans quelle discipline enseignes-tu?
err: plain de fautes
c'est mon problème de clavier, j'en sors pas !
Si l'éducation nationale était un minimum pragmatique, on devrait enseigner en priorité l'art de la glandouille à de futurs chômeurs.