« La nourriture spirituelle ne calme pas un ventre affamé. », Fit remarquer un jour mon père à ma mère dont les propos ne tarissaient point d’éloges à l’égard de ma dévotion, « Thomas est maintenant en âge de m’aider dans mon labeur. Il me sera d’une aide précieuse en mer. Je lui enseignerai le dur métier de pêcheur. » Mon destin semblait alors scellé. Je passerais ma vie à sillonner la côte en barque, à récolter quotidiennement dans mes filets les maigres poissons qui nourriraient les miens. « Tu honoreras tes parents…Tu honoreras tes parents… », Passai-je cette nuit à me répéter en pleurs des milliers de fois, pour atténuer la peine au fond de mon cœur déchiré, pour me convaincre que mon père avait raison, que l’étude des Ecritures n’était pas ma vocation. Pour la première fois je doutais.
Des années passèrent, des années de labeur, certes, je rentrais chaque soir exténué au logis, mais également des années de frustration et de solitude. Je comptais mes jours loin du rivage de ceux que je croyais connaître, ces bêtes que j’aspirais à dompter, ces âmes perdues que je souhaitais guider vers le salut. Moi qui connaissais si bien les commandements divins, je désirais de tout mon cœur servir Dieu sur Terre et éclairer le chemin des Hommes de la chaude et douce lumière de sa sagesse.
Toutes mes certitudes volèrent en éclat le jour où débarquant sur la côte, je croisais le chemin d’un vagabond prétendant être Nazaréen. J’étais irrité, je m’apprêtais à essuyer les brimades de mon père car j’amenais dans mes filets un bien piètre butin. Au lointain se profilaient des cieux menaçants annonciateurs de plusieurs journées d’inactivité. Mon menu fretin ne suffirait pas à nous rassasier tous pendant cette période de repos forcé. Alors qu’avec peine je tirais ma barque hors de ces flots avares et cruels, le vagabond vînt vers moi pour m’aider. La mer ne s’était pas montré tendre, la douleur meurtrissait tous mes muscles, la moindre de mes articulation souffrait , aussi son aide fût la bienvenue. Je savais très bien que son acte n’était pas purement charitable, je ne connais que trop la nature des miens. Tout le long de la berge qui nous séparait de l’abris, je le devinais lorgner sur la nourriture sous sa capuche, sa barbe et la saleté sur son visage. Il devait mourir de faim, je le sentais à peine pousser, j’avais même l’impression d’avoir à supporter son poids. Chemin faisant, il se mit à me conter son histoire, il la sublimait de toute évidence. Il était né à Bethléem, du giron d’une chaste femme. Trois rois venus d’horizons lointains avaient honoré son arrivée, guidés par une étoile annonçant la naissance du fils de Dieu entre les Hommes. Quel fabulateur ! Il avait du prétendre cela des milliers de fois.
La région pullulait de faux messies en ces temps, ils haranguaient les foules, les abreuvaient de bonnes paroles en échange de quelque offrande assurant aux crédules leur bénédiction. C’était un commerce fleurissant s’appuyant honteusement sur les Ecritures et les prédictions des Prophètes. Il m’arrivait en rentrant chez moi d’assister à des spectacles pitoyables. Je gardais toujours mes distances, même si plus d’une fois leur grossièreté m’avait presque poussé à intervenir. Les étrangers défilaient, plus incultes les-uns que les autres. Leurs méconnaissance des Ecritures était flagrante, leurs propos déplacés et parfois même blasphématoires. Ils se disaient tous pourtant être l’élu. De rares fois, les foules s’emportaient et se vengeaient de leur condition misérable sur les plus médiocres d’entre eux. J’avais moi même assisté à une lapidation un jour sous les yeux des troupes romaines qui se délectaient de voir les Juifs s’entretuer. Quel horrible spectacle que celui des cailloux venant arracher la chair ! Quand les villageois en eurent fini avec celui qu’ils considéraient comme un colporteur de malheur, il ne restait plus qu’un monticule de viande et de sang de sa personne. Son visage ensanglanté, ses yeux énucléés, son cuir chevelu en haillons, son crâne broyé et dévoilé, ses multiples fractures ouvertes, ses entrailles livrées à la vermine, resteront à jamais dans ma mémoire comme la preuve de la justesse de mes pensées envers mes semblables, « ces semblables en apparence » comme je le pensais alors.
Le discours du Nazaréen commençait à m’agacer surtout que celui-ci ne m’aidait pas. Au contraire, il me retardait. Comme pour la plupart de ces fous trop loquaces, je ne décelais pas le moindre doute dans son regard qui pointait maintenant hors de sa capuche. Il était convaincu de ce qu’il avançait, il se croyait fils de Dieu et l’affichait sans vergogne. J’étais nerveux. Mon père allait sûrement me rosser. « Prends un poisson et fiche le camp, imposteur ! », Me souviens-je lui avoir crié, excédé. Mais l’homme ne finissait pas de mentir, de porter le discrédit sur les paroles de Dieu rapportées par ses prophètes. Voilà maintenant qu’il retenait la barque avec bien plus de force qu’il n’en avait usé pour la pousser.
Son entêtement me fît perdre la raison. Alors que je lui tendais le plus beau des poissons pour me débarrasser de lui, le Nazaréen répétant qu’il apportait la bonne parole, s’autoproclamant fils de Dieu plus directement cette fois, me mit dans une telle rage, qu’il eut à subir plusieurs fois mes assauts. Je le rouais de coups, utilisant mon offrande comme massue. Plus je le frappais et plus ma colère montait comme il ne se défendait pas. C’était une sorte d’exutoire, je me surpris même à y ressentir du plaisir. Combien de fois avais-je rêvé corriger un de ces charlatans avec les villageois, enfin communier avec eux ? Combien de fois m’étais-je vu participant à la vindicte collective ayant conduit au lynchage du pauvre homme qui hante à présent mes plus horribles cauchemars ? Le vagabond sans doute à bout de force ne ripostait pas. Son râle lancinant avait même cessé, il avait sûrement sombré…
« Mon Dieu mais qu’ai-je fait ? », Me souviens-je avoir vociféré en m’affalant sur le Nazaréen inconscient, « A quoi ont bien pu me servir tes bons enseignements, à quoi ont bien pu me servir les méditations des écrits de Moïse, d’Isaac , d’Abraham et de Jacob ? Je me suis cru fort… différent, réceptif à ton message,… mais je suis aussi faible que tous les autres… Aie pitié de moi !» Je fondai alors en larmes sur la poitrine de ma victime. C’est en écoutant battre son cœur, dont les pulsations me rappelèrent étrangement le rythme régulier des vagues venant immanquablement s’échouer sur la grève, que l’idée me vînt soudainement, pour le réanimer de le jeter entier dans l’océan. Rengaillardi, je m’exécutais donc utilisant mes dernières forces. A peine l’homme avait-il touché l’eau glacée qu’il se relevait d’un bon en grommelant des propos incohérents, pris de panique, ne sachant plus dans quelle direction fuir.
Son visage souillé, nettoyé par l’eau de mer, vînt s’imposer à moi, illuminé, auréolé, comme la plus impitoyable des évidences : Je me faisais face… Il était moi, il n’y avait pas de doute possible. Peut-être un peu plus maigre, indubitablement suite à de multiples errances, peut-être avec une barbe un peu plus foisonnante, négligée, peut-être enveloppé de guenilles un peu plus usées et malodorantes, mais, sans la moindre hésitation, je me reconnaissais. Paradoxalement, la réciproque ne semblait pas se vérifier… hagard, le Nazaréen semblait se demander qui pouvait bien se tenir en face de lui, les bras écartés… La folie gangrenait sa raison, ses certitudes guidaient son quotidien, lui faisant mener une quête aussi trouble que vaine, pleine de contradictions, son esprit semblait vouloir nier toute nouveauté, toute démonstration venant l’écarter du but ultime qu’il avait dû se fixer avant de basculer au fond du gouffre de la démence.
Fou de colère, je fis irruption dans l’humble battisse de mes parents en compagnie du vagabond. Je n’eus pas à souffler mot pour tout comprendre. Le regard protecteur de ma mère, l’air coupable de mon père, à la vue de l’étranger, furent bien plus révélateurs que les longs et inutiles discours qui suivirent. Le Nazaréen était mon frère jumeau. Mes parents bien trop pauvres n’auraient pu subvenir aux besoins de deux nourrissons à notre naissance, une période de famine de surcroît. Ils avaient donc choisi d’abandonner un de leur fils à son triste sort, pour que l’autre puisse vivre. Je devinais alors la raison pour laquelle ma mère avait fondé mon éducation essentiellement autour des Ecritures : Elle souhaitait faire pénitence de son abandon indigne au travers de l’enfant survivant. Elle pensait qu’en faisant de moi, un être pieux et érudit, son crime odieux serait absout.
Mon père avait jeté mon frère au large pour que les villageois ne déchaînent leur courroux aveugle sur le reste de la famille. Jamais personne ne fut mis dans la confidence honteuse. Je ne sus que bien plus tard que mon frère ne devait son salut qu’à un paysan qui le découvrit enrubanné d’algues, à l’agonie, sur une grève de Judée. Il le sauva de justesse mais comme il n’avait pas les moyens de s’occuper de lui, qu’il était bien trop droit pour laisser le nourrisson à l’abandon, il mit au point un stratagème pour duper Marie, une idiote qu’il connaissait à Bethléem. La jeune femme était belle mais fort prude. Elle repoussait les avances de Joseph, un ami charpentier du paysan qui souhaitait l’épouser. Elle voulait rester chaste pour « n’aimer que Dieu », disait-elle. Joseph la désirait tant, qu’il accepta de participer à la supercherie du paysan, et d’assumer un fils adoptif par la suite. Ils se déguisèrent avec l’aide d’un troisième comparse en mages astrologues, chargés de toutes les pacotilles qu’ils purent trouver, puis, firent croire à la jeune femme, l’arrosant pendant son sommeil du sang d’une chèvre qu’ils venaient de sacrifier, et déposant le nourrisson près de sa couche, qu’elle venait de l’enfanter, que Dieu lui même l’avait ensemencé pour la remercier de son amour dévoué. Ils se présentèrent comme des rois venus de fort loin, pour accueillir le fils de Dieu et l’honorer de présents aussi la jeune crédule qui n’y connaissait rien aux choses de la vie, et qui voulait sauver les apparences devant ses parents éberlués, corrobora toutes leurs paroles. Elle fut contrainte par ses parents à épouser Joseph, le jour suivant et c’est ainsi que mon frère trouva un foyer.
Sur le moment, j’étais rongé par la haine…« Tu ne tueras point… Tu ne tueras point… », Etais-je obligé de me répéter pour que Dieu me préserve de la tentation qu’éveillaient en moi les propos horribles de mes parents. Mon frère venait de s’écrouler de fatigue, peut-être aussi toujours un peu sonné par les coups que je lui avais porté. « Tu ne tueras point… Tu ne tueras point », Tout comme lui j’avais eu une journée éprouvante et la fatigue me gagnait… Mon père se lançait alors dans un émouvant plaidoyer… « Tu ne tueras point… Tu ne tueras point… » Ma mère en pleurant prit ensuite la relève dévoilant la sinistre méthode qu’elle avait suivit pour déterminer lequel de ses deux fils vivrait…« Tu ne tueras point… Tu ne m’entueras point… », quelque chose venait de sonner faux… Mes paupières se réouvrirent en sursaut… le sommeil avait failli me terrasser… Je me rendis compte à cet instant que je menaçais mes parents de mon harpon, qu’ils avouaient tout sous la menace. « Tu ne mentiras point… Tu ne mentiras point… », Ces mots résonnaient à présent dans tout mon être comme dictés par le divin, remplaçant naturellement le commandement que je m’étais moi même imposé… « Tu ne mentiras point… Tu ne mentiras point… », c’était une évidence, Dieu m’ordonnait de lui sacrifier ces êtres fourbes…
La nuit était tombée. Aucun des villageois ne nous vît alors qu’abandonnant mon frère dans la demeure à laquelle il appartenait, j’escortais mes parents jusqu’à l’abris de nos barques. La tempête tonnait de plus en plus proche, je m’en souviens encore comme si je venais de vivre la chose… J’ai l’impression d’humer les embruns si particuliers dont s’était chargé l’air en cette mémorable soirée… Je ligotais les pécheurs. Pourquoi ne comprenaient-ils donc pas que l’heure du procès était révolue , que tenter de se justifier n’était plus nécessaire, qu’il fallait maintenant que la sentence du Tout Puissant s’accomplisse ? Il me fallut les bâillonner pour ne pas qu’ils ameutent tout le village… Comme ils continuaient à gigoter et à pleurer, il me fallu les assommer… Je fis preuve de la plus grande ingéniosité pour ne pas violer moi-même les commandements divins.
Je ne sais où je pus trouver la force pour tirer successivement, les deux barques jusqu’à la rive, puis les corps lourds de péchés des deux traîtres. Peut-être, dans toute sa magnanimité, Dieu m’aidait à exécuter sa volonté pour que je ne me sente pas coupable ? De toutes manières, je n’eus point de remords… Je n’ai d’ailleurs rien à me reprocher. J’apportais les outils et me mettais à la tâche… « Dieu tout puissant !», Invoquai-je alors que je venais de finir la construction qui permettrait à sa volonté de s’accomplir, « Je ne tuerai pas mes parents, mais je ne te désobéirai pas ! » Je poussais alors les deux barques placées sur leur flanc légèrement inclinées par rapport à la verticale. J’avais au préalable solidarisé les deux coques, dos à dos, à l’aide des cordages des filets de pêche que j’avais délacé puis solidement noué autour des embarcations de telle manière à assurer une flottabilité précaire au nouvel ensemble. J’y avais ensuite attaché de chaque coté, avec force pour ne pas qu’ils puissent fuir devant l’Eternel, les deux impies.
Les vagues qui s’échouaient avec violence sur la grève, changèrent soudainement de direction quand les barques furent mouillées. Elles se mirent lentement à accélérer puis disparurent au bout de quelques minutes dans l’obscurité de la nuit portées par cette marée versatile. Je rentrais serein retrouver mon frère, alors que la pluie commençait à s’abattre sur la cote comme pour me laver de mes péchés, aussi minimes fussent-ils… Jamais je ne su lequel de mes parents revînt à lui le premier, cette mère fourbe et calculatrice, ou ce père assassin… Peu importe… Eurent-ils le temps de comprendre le choix devant lequel Dieu les mettait à nouveau ou agirent-il par panique et instinct ? Je pense que le Bienfaiteur assura la flottaison de ma construction jusqu’à ce qu’ils soient tous deux conscients… A nouveau face à la misère, alors que les flots déchaînés menaçaient de faire couler leur arche de fortune à tout moment, chacun d’eux était alors en position de décider qui allait être cette fois-ci sacrifié pour que l’autre survive… il leur suffisait alors de faire basculer la construction d’un coté ou de l’autre pour que l’un périsse noyé et l’autre soit sauvé… Je priai chaque jour pour l’âme du décideur… Je priai pour qu’il ait choisi le sacrifice, la pénitence, le salut éternel de son esprit plutôt que la salvation temporaire de son enveloppe charnelle…
Je souhaitais m’endormir en paix, auprès de mon frère, mais d’horribles cauchemars vinrent troubler mon sommeil. Toutes mes certitudes les plus intimes venaient de voler en éclat, la foi primale en mes parents, ces hypocrites, la foi dans les saintes Ecritures fondement de mon éducation faussée, cachette parfaite pour les mensonges comme je venais d’en avoir la preuve. Je doutais ce soir là de Dieu lui même, de son existence, de ses préceptes, de sa préoccupation pour le devenir de ses créatures. Le matin, en sueur, j’étais décidé à parcourir les routes avec mon frère pour éduquer ces prétendus fils d’Eve, les remettre sur le droit chemin en me servant de Dieu pour leur inspirer craintes et espérances. J’avais conçu un plan. Les hommes publics au devant de la scène ne sont que des pantins, tous ces tribuns Romains nous le démontraient chaque jour. J’allais ériger une nouvelle croyance, de nouveaux dogmes, dans l’ombre de mon frère. J’avais de grandes ambitions pour lui aussi me suivit-il charmé par mes paroles. « Un jour les Hommes construiront des temples en ton nom !», Lui assurais-je et il me crut.
La concurrence était sévère, les villageois de moins en moins crédules. Il nous fallait faire plus fort que les autres charlatans. Ma devise secrète depuis ce jour est devenue « Ne crois qu’en ce que tu vois !». Je l’ai maintes fois répété par mégarde, elle a même failli trahir ma manigance, mettre en évidence cette fausse foi façonnée de toutes pièces qui allait me permettre de rassembler et conquérir en convertissant, détournant les sentiments innés d’êtres avides de servitude et raffolant de belles légendes. Mais elle me donna également l’idée d’organiser de monumentales supercheries, des miracles que je mettrais au crédit de mon frère, de son pouvoir divin. N’était-il pas le fils de Dieux après tout ? Moïse avait écarté la Mer Rouge, aussi fallait-il bien plus que des discours pour venir à bout de la méfiance des foules et de leur irritabilité.
Je cultivais la différence avec mon jumeau, personne ne devait connaître notre petit secret. Je me grimais, me maquillais car les longs chemins que nous arpentions m’avaient fait perdre du poids. Je prenais soin de ne pas me retrouver avec une barbe trop garnie. Nous rassemblâmes 11 disciples, des hommes de main, je devins l’un d’entre eux pour me cacher, ne pas faire transparaître mon influence. Personne et surtout pas l’un des nôtres ne devait connaître qui était le meneur, la folie de mon frère lui donnait une crédibilité parfaite que jamais je n’aurais pu égaler. Notre renommée était croissante, le nombre de nos fidèles ne cessait d’augmenter. Ils prêchaient à notre place, colportant les rumeurs des miracles du Nazaréen. Nous menions une double vie, les jouvencelles se donnaient à nous et nous en abusions en groupe. Bientôt notre influence devînt telle que le pouvoir Romain en place prit peur. Ponce Pilate gouverneur de la région ordonna notre traque à ses cohortes.
Nous fûmes forcés de nous replier, de fuir, pensant même à l’exil. Nous n’étions pas de taille. Comment affronter un empire entier alors que nous n’étions qu’une poignée ? Nos miracles faits de bric et de broc ne pouvaient rivaliser avec les prouesses des Dieux de leur mythologie. Les jeux étaient faits, je m’en voulais alors d’avoir eu la prétention de coloniser l’esprit des hommes. J’avais cependant goûté aux stupres du pouvoir, la politique était devenue une drogue aussi eus-je bien du mal à me résigner. Plus nous battions en retraite et plus le manque se faisait sentir. Ma pensée devait dominer les hommes à tous prix. J’en avais de fortes fièvres, des cauchemars récurrents. Mon addiction au pouvoir m’amena à considérer la plus horrible des stratégies, elle s’imposa à moi comme la seule solution possible. Je dus me résigner : Il fallait marcher sur Jérusalem, les Juifs y étaient bien plus nombreux que partout ailleurs en Palestine. Il fallait marcher sur Jérusalem et offrir au plus grand nombre le plus incroyable des miracles pour peut-être provoquer une insurrection.
Je n’eus pas de mal à convaincre mon frère. « Peut-être la mort sera-t-elle une délivrance pour une âme prisonnière d’un corps sans raison ? »,Tentai-je de me consoler hypocritement. Déjà ce frère que j’avais si peu connu ne comptait plus, il s’était métamorphosé en outil de pouvoir dès lors qu’il m’avait permis de briser mes chaînes. Les autres apôtres avaient atteint les limites de leur foi, ils prêchaient pour remplir leur estomac, rien de plus. Fédérés ils se sentaient plus forts, la communion n’était qu’un mensonge, une façade. « Jamais il n’avait été question d’un quelconque sacrifice !», Firent-ils remarquer alors que mon frère leur exposait mon plan suicidaire. Dans toute sa démence il les exempta de le suivre, se livrant alors à un de ces pathétiques rituels fétichiste auquel il s’adonnait parfois. « Allons nous aussi pour mourir avec lui ! », Tentais-je vainement de motiver mes troupes. Derrière certaines convictions, souvent celles que l’on clame de façon la plus virulente, ne se cachent que des alibis grossiers.
Le Nazaréen s’en retourna à Jérusalem où il allait donner sa plus grande représentation, la dernière de sa fulgurante carrière. Il fut capturé, donné par Judas, torturé, et crucifié. J’aurais dû prévoir que les Romains ne le laisseraient pas mourir en martyr. Ils prirent soin de l’humilier pour ne pas en faire un symbole de rébellion. Mon plan avait échoué, la foule ne s’était pas mutiné.
Je me revois les jours suivants, traumatisé par la mort de mon frère, et en même temps porté par la haine des Romains qui m’éloignait d’un sentiment de culpabilité que j’aurais pourtant dû ressentir. Déjouant les gardes, profanant le tombeau du Nazaréen, et le dépeçant du suaire qui cachait les abominations qu’il avait dû supporter, je venais voler son enveloppe charnelle, je venais dérober son identité par la même occasion, j’appliquais un plan de secours. Son corps était en décomposition avancée , il avait perdu beaucoup de sang, et la vermine l’avait rapidement envahi. Je cru me reconnaître pour la seconde fois. Cela m’horrifia surtout que l’Espoir m’avait quitté. Jamais véritablement même en le côtoyant, je ne m’étais identifié à lui… Sa folie marquait une nette frontière entre nos deux personnalités , jamais il ne me toucha de son vivant, mais là, mort, putréfié, fou, il ne l’était plus, aussi la scène fut-elle effroyable quand j’eus à le démembrer pour faire disparaître son corps.
Les plus terribles des cicatrices restent ces sillons de mémoire. Les autres ne sont que superficielles. Je ne ressentis aucune douleur lorsqu’un peu plus tard dans la journée qui suivit je me scarifiai, m’automutilai, perçant mes poignets et mes talons de clous, transperçant mon flanc pour simuler une blessure de lance, me coiffant d’une couronne d’épines pour m’écorcher le crâne. Si je souffrais, c’était en me remémorant mon cadavre, la douleur physique était absente.
J’apparu devant les Apôtres et à ce moment, ils comprirent que le fils de Dieu avait terrassé la mort. Je leur montrais les marques de ma Passion. La peur leur donnait une étonnante unité monochrome blanchâtre, ils perlaient de terreur : la foi venait de les pénétrer. Je me voyais déjà marcher sur Rome à cet instant, mettre fin aux cultes païens. « Le Nazaréen », Pensais-je, « a fait sa dernière apparition… Ce soir il rejoint les cieux et sa légende commence !» Je m’éclipsais, fuyant cette bande de lâches qui imploraient mon pardon en pleurant, jurant de répandre sur le Monde, la bonne parole d’un fantôme. J’allais rincer mes plaies, les soigner avec des baumes de plantes, enrubanner talons, poignets, disparaître le temps de retrouver les traits de Thomas.
Je fis semblant de revenir d’un éprouvant pèlerinage qui m’aurait permis de méditer ma lâcheté d’avoir abandonné le Nazaréen et d’expier ainsi ma faute. Je croisais alors un des trouillards près de notre cachette de Jérusalem. Blanc et froid, lui même semblait avoir vaincu le tombeau. Il m’apprit le retour du Nazaréen d’entre les morts. « Je ne crois qu’en ce que je vois, qu’en ce que je peux palper ou déduire de mes expériences passés ! », Lui rétorquai-je simulant la vexation. Je rejoignais les autres qui tenaient un propos plus trouble. Leur trouille était telle qu’ils semblaient à tout moment, à deux doigts de s’enfuir en courrant. Il me fallait ressouder les brèches que la peur bien plus que le doute avait creusé dans leur conviction. Un autre miracle devait s’accomplir aussi j’organisais le départ définitif du fils de Dieu, son ascension vers le Royaume Céleste. J’achetais de la poudre scintillante à des marchands nomades venus de l’Est et en recouvrait les poutrelles de la cachette des Apôtres. Je mettais en place un mécanisme d’amorçage. Le Saint-Esprit allait leur apparaître sous forme de langues de feu, les remplir de puissance divine pour les motiver dans leur mission impérialiste, pour distribuer les régions du monde où chacun partirait en apostolat nommer des évêques et instituer une hiérarchie ,un clergé , et surtout pour leur faire comprendre qu’une épée de Damoclès planait au dessus de leur tête et que la désertion serait sévèrement réprimée par la damnation éternelle. Je dictais un discours à un complice qui n’avait foi qu’en ce qui sonnait et trébuchait, il nous suivait déjà depuis un petit moment, faignant des résurrections à répétition portées au crédit de la puissance de mon frère contre une quote-part de nos offrandes. Dans l’ombre, il jouerait la voie sépulcrale du Saint-Esprit.
Je me souviens d’avoir allumé la mèche de l’amorce, alors que je m’attablais aux cotés des Apôtres… … le reste de ma vie n’est plus qu’un épais brouillard se déroulant dans l’aléa le plus total. Il y eut cette énorme détonation, suivie de la lourde chute de la poutre, un nuage de poussière nous ensevelit, ensuite plus rien… plus rien, sinon des bribes d’expériences incohérentes…
« Divise, Divise ! », Une voix me répète cet ordre incompréhensible à longueur de journée. Elle vient ponctuer les souvenirs décousus de ce qui fût, j’imagine, postérieur à l’incident. C’est une voix familière, une voix chaude et envoûtante… celle qui vînt me commander de lui offrir mes parents… celle qui me donna une quête…
« Divise, Divise ! », Je suis à Mylapore, je me vois priant devant une croix au sommet d’une corniche face à la mer. Je suis en paix, je loue la Grâce de mon Maître et Seigneur. Quand soudain, une succession de pointes viennent violer ma chaire. Elles s’y enfoncent profondément et se rétractent, broyant mes os, déchirant mes organes et arrachant mes tissus. Je ressens des vagues insoutenables de douleur, comme si mon être était en ébullition. Des traîtres m’assaillent alors que je leur tourne le dos agenouillé, paume contre paume.
« Divise, Divise ! », Incrédulité, doute m’envahissent de nouveau. Je refuse de croire à l’assomption de Marie et profane une sépulture pour la seconde fois. Le tombeau est rempli de pétales, de fleurs et de parfums… son corps à disparu.
« Divise, Divise ! », La faim déchire mes entrailles. Je marche. J’ai soif. J’accomplis mon apostolat et parcours les lointaines contrées d’Inde, les pays des Parthes et des Perses. J’ai du mal à dialoguer avec ces peuplades, ils ne parlent pas ma langue, rares sont les fois où ils m’offrent l’hospitalité.
« Divise, Divise ! », Je concocte des plans, je manigance de nouveau pour imposer mon éthique, ma rigueur, ma vision politique. Il me faut de l’argent, beaucoup d’argent, pour accomplir mon ouvrage. Ambanès l’émissaire de Goudaphar, roi des Indes, se trouve à Jérusalem, il cherche un bâtisseur qui pourrait réaliser une Merveille, le plus beau des palais jamais construit. Je fais tuer l’architecte Juif pour qui je me fais passer. Je me vois voguer vers ces terres étrangères, me présenter au roi. Il me confie des richesses colossales pour bâtir son palais, rassuré par ma renommé usurpée.
« Divise, Divise ! », Je baptise Tertia, Azanès, Migdona et Marca… Je retrouve des rois mages, je les fabrique de toutes pièce puis les converti pour asseoir la légende du Nazaréen… Je baptise… Je baptise… De longues journées durant… Je baptise par automatisme, je baptise en oubliant le froid et les douleurs qui me rongent… Je baptise et je m’aperçois que des centaines de corps noyés ou suffoquant me font face en aval, échoués sur l’autre rive… « Maudits païens ! Je vous apporte la bonne nouvelle et les Saintes Evangiles ! » Je baptise dans des eaux rouges de sang…
« Divise, Divise ! », mon corps grouillant de vermine ressemble à s’y tromper à celui de mon frère dans le caveau, il pourrit hérissé de lances sur cette corniche de Mylapore. De violentes rafales font tomber la croix qui se brise sur les récifs.
« Divise, Divise ! », Je fais tuer les proches de Goudaphar, ceux qui sont censés lui rendre des comptes sur l’avancée des travaux. J’utilise les sommes astronomiques que l’imbécile m’a confié pour corrompre l’esprit des indigènes. J’achète leur foi. Ils se convertissent volontiers contre quelques piécettes. J’ordonne des prêtres, consacre des évêques, alloue des budgets.
« Divise, Divise ! », J’accomplis des miracles à mon tour, tirant d’immenses troncs d’arbres par de judicieux systèmes de poulies alors que les éléphants ne le peuvent pas. « Illusions… Illusions… Tous les repères ne sont qu’illusions… » Ces marécages que je parcours pieds nus tractant les troncs sont entourés de bois en feu, assiégés par les croisés exterminant les descendants de mes témoins… Ils emportent mes reliques à Edesse et convertissent les Indiens au chaos. « Fétichistes ! Idiots vous n’avez rien compris à mon héritage !»
« Divise, Divise ! », Goudaphar apprenant que je n’ai pas construit son Palais est fou de colère. Je me sens traqué comme dans le passé par Pilate. Il me rattrape, me torture et me fait enfermer. Je ne dois ma liberté qu’à son frère que j’avais abreuvé et nourri de mes enseignements pendant les trois ans que dura l’absence de Goudaphar parti en guerre. Il témoigna au roi d’un de ses rêves… Un ange lui avait montré le formidable palais que je lui avait fait construire dans l’au delà… Ces bonnes actions d’aumône par délégation, lui avaient ouvert les portes du Royaume céleste où il serait monarque pour l’éternité. L’idiot me relâcha et je pus même le baptiser. « Quel promoteur hors-pair aurais-je pu faire ! »
« Divise, Divise ! », partout où régnait la barbarie et l’impiété, j’imposais la voie de la perfection dans l’ascèse et la chasteté. Des peuples entiers endormis, une natalité maîtrisée, des lois au dessus des lois, faisant régner l’ordre et la servitude, l’apologie de la misère sur terre pour le salut de l’âme dans l’au delà: Les despotes m’adorèrent autant qu’ils me craignirent.
« Divise, Divise ! », L’impensable s’est produit… Quelques jours après ma supercherie auprès des Apôtres, voilà que le Nazaréen fait irruption de nouveau… La seule différence : je suis présent moi aussi parmi les Disciples…enfin en tant que Thomas… « C’est impossible ! », M’étouffai-je. « Je croyais qu’il te fallait simplement voir pour croire, Thomas », Riposta l’imposteur, « N’as-tu donc aucun principe ? Tu n’as pas cru en ma résurrection ? Me voilà… Je suis là… Que te faut-il de plus pour croire ? Toucher, sentir, goûter ? Tu m’entends, n’est ce pas ? Et bien Soit ! Si tu es l’esclave de tes sens… si tu n’accepte que leur dictature alors viens… viens et touche ! Plonge ta main dans mon coté percé par la lance ! Passe tes doigts dans mes stigmates béants ! » Je m’exécutais à mon tour, fou de peur… Cette chose n’était pas mon frère… « Je ne suis pas ton frère, effectivement ! », Reprit-il comme s’il lisait dans mes pensées, « Je ne suis pas ton frère puisque je suis toi ! ». Je plongeais ma main tremblante dans sa chair… « Tu crois maintenant ? », Lançait-il dans un rire tonitruant… « Oui mon Seigneur et mon Dieu… », Murmurai-je lâchement alors que j’avais à peine palpé ses cotes cassées , que mes seules volontés étaient d’ôter ma main ensanglantée et de me réveiller…Mais plus je tentais de m’extirper de son antre et plus ma main y semblait bloquée… « Mon Seigneur et mon Dieu ?», Me mima-t-il en riant… Les Apôtres affolés s’enfuirent en criant au démon alors que la résistance de la chair de l’imposteur s’était transformée en traction… Mon bras entier fût happé dans le corps… Je criais, j’implorais son pardon et sa clémence…Mais rien n’y fit, quand mon épaule se brisa, tout le reste de mon corps fut englouti dans la plaie. Mes cotes se concassèrent, mes organes semblaient comme aspirés de mon tronc. J’hurlais de douleur jusqu’à ce que ma nuque ne se brise, que la plaie ne s’élargisse et que je ne disparaisse entier dans son enveloppe…
« Divise, Divise ! », je me vois comme mon frère avait pu me voir le jour suivant la sanction infligée à mes parents, je me vois m’avancer vers moi-même et m’annoncer : « Un jour les Hommes construiront des temples en ton nom !»
« Divise, Divise ! », Où suis-je à présent ? Assis sur un petit banc, entouré de jeunes adolescents étrangement habillés… de singulières plumes et outils ornent mon pupitre… C’est une école ? Oui, il y a un professeur qui lègue des enseignements près d’un tableau… Il se retourne et demande à un élève de réciter une prière en l’honneur de Saint Pythagore. « Dans un triangle rectangle, le carré de la longueur de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres cotés… », Invoque le jeune homme. « Bien ! », Reprend le maître, « Rendons grâce à présent à Saint Archimède ! » La classe se lance alors à l’unisson en se levant : « Tout corps plongé dans un liquide se voit lui être appliquée une force opposée au poids du volume de liquide qu’il a déplacé ! » « Euréka ! s’exclama-t-il en sortant nu de son bain et se mettant à courir dans les rues», Continue le professeur, « Honorons maintenant Saint Newton puisque nous le fêtons aujourd’hui ! Qui peut me raconter le mythe de la pomme ? » Un nouvel élève prend la parole : « C’est alors que Saint Newton se repose sous un pommier et qu’un fruit trop mûr se détache de l’arbre et lui tombe sur la tête que l’idée de la loi de la gravitation universelle lui vient à l’esprit. » « Récite donc ta prière insolent ! », Interrompt le maître. L’élève reprend :« Il existe une force dite gravitationnelle s’appliquant mutuellement sur deux corps. La norme de cette force est inversement proportionnelle au carré de la distance qui sépare les deux entités et proportionnelle au produit de leur masse respective. Cette force est portée par la droite définie par les centres de gravité des deux corps et selon l’objet à laquelle elle s’applique, elle est orientée en direction du second corps. » D’étranges icônes, ornaient la pièce, j’étais tout particulièrement intrigué par un tableau intitulé périodique des éléments et une statue composée de sphères reliées entre elles par de petits bâtonnets. Un élève se rend alors au tableau. Il prend en main une équerre et un compas terminé d’une craie, objets rituels de ce culte étrange, de toute évidence. Je me lève et je crie : « Vous êtes idiots ! Cessez donc de vénérer des représentations de la réalité, des théories référentielles arbitraires. Arrêtez d’idolâtrer les hommes, transcendez ce qu’ils racontent ! » « Nous croyons au dessein de la Science », Rétorqua le professeur.
« Divise, Divise ! », L’imposteur de nouveau me fait face crucifié, agonisant. « Je t’avais bien dit que des Hommes construiraient des temples en ton nom. », Me lance-t-il alors. « Des temples en mon nom ? », Répétai-je, « Je ne suis pas de cet avis. Ces fous ont érigé l’exploration de l’univers par la raison en religion ! Je ne vois pas en quoi ce sont mes légataires … » L’imposteur reprit : « Les croyances de ces hommes reposent sur ton doute originel, ils ne jurent que par leurs sens, des sens qu’ils ont étendu par ailleurs, démultiplié, optimalisé, externalisé et même partagé entre eux, des outils qui ne restent que des sens après tout, malgré la standardisation du ressentir collectif qui en a résulté . Ils observent pour croire, ces maniaques reproduisent pour certifier, classifient et archivent. Ils ont mis en place un processus de sélection du credo, des règles aussi rigides que les credo eux mêmes. Divise, Divise ! Tu entends le commandement ? Je pense qu’il est temps que nous nous séparions… Nous ne sommes qu’une cellule pour l’instant, un œuf à peine fertilisé. Nous connaissons notre destin dorénavant, le Grand Commanditaire dans toute sa Grâce à eu la bonté de nous en faire part. » « Tu as raison mon frère », Repris-je en me concentrant pour que nos noyaux se divisent, « Je suis content de t’avoir connu avant que tu ne sombre dans la folie. »
Neufs mois plus tard en Galilée, dans la misère, naissaient le doute et la croyance, la raison et la foi, tels qu’aujourd’hui ils existent toujours, dissociés et indissociables.
(O______O) LAPINCHIEN
Je vis le jour en Galilée dans la misère. On me donna le nom de Thomas. J’étais pur comme tous les nouveaux-nés peuvent l’être, vide de tout savoir et ouvert au monde. La seule foi qui m’animait, aussi loin que me souvienne, était celle que j’avais, de manière innée et innocente, en mes parents, ces mêmes parents qui furent les premiers à pervertir ma nature, à souiller mon esprit en bornant ma perception des choses, mon voyage personnel dans l’univers, aux seules lois mosaïques, aux seuls sentiers et chemins qu’elles m’autorisaient à arpenter. La lecture, l’étude et la méditation des Ecritures furent mes seules occupations, mes seules préoccupations, toute ma jeunesse durant. Elles me condamnèrent à l’isolement. Je ne côtoyais les hommes qu’au travers de la parole de Dieu. Jamais je ne me serais autorisé à partager les jeux turbulents des enfants de mon âge, pensant connaître ces êtres maladroits, leurs faiblesses, leur prédisposition au péché. Ils m’effrayaient.
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Euh bah je sais pas quoi dire en fait.
C'est très bon et mon pauvre petit esprit encore embrumé d'une longue nuit de sommeil a eu du mal à supporter la fin. La confusion et la folie du personnage habitent complètement le lecteur.
C'est très visuel et sensitif (le bon mot c'est "sensuel" normalement, mais là tu vas croire que je te fais des prpositions douteuses et après je vais encore avoir des problèmes).
Enfin bref j'en suis encore toute déboussolée, et putain ça fait du bien.
En gros t'es super énervant quoi.
Propre et ficelé, pas d'incohérances, pas une faille, bref ça me laisse pantin (à moins qu'il ne faille dire pantois).
Qu'est ce que vous voulez que j'écrive aprés ça, tout est expliqué dans ce texte, qui plus on retrouve pratiquement toute la gamme des sentiments ...... humains.
Autrement, j'aimerai bien faire l'antithèse de l'antéchrist.
C'est sympa comme vision. J'aime particulièrement ce genre d'explication rationnelle de faits connus supposés miraculeux.
Juste vers la fin ou j'ai un peu laché le debut des "Divise, divise" mais ça revient bien ensuite.
Au-delà du blasphème - après tout, c'est ton âme... -, je reconnais que c'est bien écrit. L'hypothèse d'un jumeau du Christ ne me semble pas extraordinairement originale. Mais pourquoi Thomas, puisque tout le monde parle de cette fameuse inscription récemment découverte : 'Jacques, frère de Jésus' ? Parce que Thomas Didyme, je suppose, et d'autres ont déjà sauté sur l'occasion. Au moins, tu nous auras épargné les aneries habituelles sur Qûmran, sois en remercié.
"J'aime particulièrement ce genre d'explication rationnelle de faits connus supposés miraculeux."
je suis pantin.
Ouais, ben pour moi c'est plus sencé qu'un mec qui marche sur l'eau.
Un 'mec' ? Le Verbe fait chair, un 'mec' ?
Ouais, ben il avait qu'à apprendre à écrire, ton verbe, ça serait déjà plus crédible. Je bien croire que dans chaque légende y a un fond de vérité, mais faut pas non plus plus gober n'importe quoi. D'autant plus qu'à cette époque et dans cette civilisation, la métaphore et la parabole faisaient loi. Dès lors, tu me permettras quelques doutes sur l'exactitude contextuelle du 'mec'...
L'autre discours est il plus plausible ? Autrement, je m'appelle Thomas, donc ......
En fait ce que j'ai trouvé intéressant dans la fable mythologique dont je me suis honteusement inspiré pour en faire une télénovela brésilienne, c'est le fait que Thomas doute de la resurection et que Jesus (vexé peut être on ne sait pas trop) se matérialise pour lui faire une demonstration quasi scientifique de la foi.
Ce qui est quant meme con. En effet, cette pitoyable demonstration par le sentir 'Video ergo credo' est selon moi l'origine du bug dans le virus. A partir de ce moment, ce Dieu de Clergé devient un bouche trou, une sorte de matière noire qui couvre tout le domaine que la science n'explique pas (puisqu'il se place lui même dans ce domaine)... petit à petit lorsqu la logique reprend le dessus et le Dieu de Clergé perd du terrain et de la credibilité. Il disparait petit à petit.
En même temps, ce que je viens de raconter n'a rien a voir avec mon texte ni avec ce que je pense. J'ai une maladie très rare, elle porte le nom du "cerveau mouvant" j'ai choppé çà en me faisant me faisant piercer l'anus avec un petit crucifix... mon cerveau arrete pas de se ballader dans tout mon corps permettant tour à tour à tous mes organes de s'exprimer... Ce texte est l'expression de la pensée profonde de mon majeur, il voulais lancer un gros "Big Up" et une "Speciale Dedicasse" à Dourak et à son arbitre de touche.
J'aime snifer de l'amiante... j'aime snifer de l'amiante... j'aime snifer de l'amiante et je n'ai qu'une âme en location, elle ne m'appartient pas mais j'ai fait un super état des lieux avant de verser la caution et de signer le bail... Va pas me niquer le cul comme çà le proprio !
Bin en fait j'préfère lire ce que te souffle ton majeur que ton foie, sérieux là sur ce coup j'suis bluffée, j'l'ai imprimé pour le coller sur les murs de mes chiottes pour que les gens reviennent souvent chez moi.
Y'a pas une faille, y'a que du neuf (oué parce que j'attendais au tournant le coup des explications pragmatiques des miracles, bin loupé), c'est super bien écrit, carrément passionnant d'un bout à l'autre, et quand on s'attend à ce que ça s'essouffle ça repart en fait pour une fin en béton.
Un jour j'aimerais bien discuter avec toi Lapinchien, y'a un truc qui m'obsède depuis quelques temps, c'est de savoir si tout dans l'univers, toutes les matières, l'homme, l'histoire, tout quoi, peut être résumé à des formules mathématiques, ça a trop rien à voir non plus mais je sens que c'est toi qui peut m'en dire le plus à ce sujet.
Je passe le mike à un mec qui touche carrement plus sa bille que moi dans le domaine de l'abstraction:
« La religiosité du savant consiste à s’étonner, à s’extasier devant l’harmonie des lois de la nature dévoilant une intelligence si supérieure que toutes les pensées humaines et toute leur ingéniosité ne peuvent révéler, face à elle, que leur néant dérisoire. »
Albert EINSTEIN, « Comment je vois le monde »
Hey Al t'as fumé ou quoi ? T'es dans un trip mystique ? Dans Banga y a que de l'eau ? En même temps jsuis daccord avec Charles. Ya qu'a allumer la TV avant le journal pour s'appercevoir qu'Evelyne Déliha et ben elle est hyper prudente quand elle nous donne les prévisions de la meteo du lendemain... et plus çà s'eloigne dans le temps et plus les indices de confiance chutent.
Alors quand est ce qu'on aura les outils pour mettre le reel en equation ? Quand est ce que l'horoscope sera t il une science exacte ? Quand est ce qu'on naitra sachant exactement ce que va etre notre vie au quart de poil de mollet de fourmi pret, et qu'on connaitra meme la seconde de notre mort ?
Faut mater le film Pi de Darren Aronofski (également responsable de Requiem for a dream). OK je sais qu'on est pas sur un site culturel pour une thune, mais là c'est pas pareil, c'est un bon film...
Bah en fait c'est à cause de ce film que je pense à ça sans cesse, ça reste une fiction, à cause du film "Un Homme d'Exception" aussi, et à cause du livre "L'Homme Nu" de Dan Simmons, enfin voilà, c'est tout ça qui m'a un peu amenée à me poser des questions, mais j'aimerais bien aller plus loin encore quoi.
Bordel faudrait que je me mette aux films d'auteurs, le dernier film de science fiction que j'ai matté c'est Armagedon sur M6 la semaine derniere, je comptais mater Godzilla ce soir, le dernier bouquin d'anticipation que j'ai lu c'est un catalalogue de Carrefour (ouais çà ma donné envie d'acheter plein de trucs)... fé chier je me beaufise.
Au fait pourquoi t'ecrirais pas un article sur la question... si tu t'inspires de l'Homme Nu je peux même poser comme model si tu veux.
Merde alors! lapinchien, tu viens de me trouer le cul!..
Monstrueusement génial..
cest de la merdee
merci de l'avoir consommée en tous cas.
ça valait le coup de le résusciter celui là...
j'en ai oublié que j'étais sur la zone
"j'en ai oublié que j'étais sur la zone "
Je présume que c'est très posifit ça!
Bon a fait très longtemps que j'ai lu ce texte, et c'est l'un de ceux qui m'ont le plus marqué, du très gros calibre. Incapable d'apporter un commentaire constructif ni même de trouver une connerie à dire je me tairais donc, même si mon commentaire est déjà outrageusement long et chiant.
ouais c'est posifit ! ness...? en tout cas c sûr ça fait travailler le cortex
OK, c'est Anthrax qui répond pour Déraiz... Bon cessons cette mascarade, tout le monde est déjà au courant : Anthrax = Déraiz. Comme j'ai pas envie que ce genre d'idée se répande trop, et que je préfère un compte auteur par personne et pas plus, voici ce qu'on va faire, tu me dis rapidement quel pseudo tu veux garder entre les deux, et tous les articles iront sur ce compte là. Si au passage y a des textes que t'assumes plus, tu me préviens, je peux les virer.
Si j'ai pas de réponse prochainement, c'est moi qui assumerai à ta place et qui choisirai ton pseudo en fonction de mon humeur du moment...
mon mail c'est nihil0000@hotmail.com, sinon tu peux répondre ici.
bon allez j'avoue, je suis déraiz, anthrax et en plus je suis androgyne
Je veux bien trouver quelque chose à avouer, si ça peut amuser quelqu'un.
Après enquête approfondie, il s'avère que sous les 3 identités qu'il revendique, Tyler est l'auteur de 10 des 21 textes en attente. Si ce n'est pas une tentative d'OPA inamicale, ça y ressemble. Et ça fait peur.
C'est pour ça que j'ai balancé un texte : pour l'empêcher d'avoir la majorité.
Sinon, très bien ce texte de LC : on a enfin la vérité sur cette putain de fable mytho-folklorique qui nous les brise depuis plus de deux mille ans.
Ouais, maintenant on va pouvoir parler de ce connard d'Ankou, qui n'était autre que Bernardo (celui de la série Zorro) déguisé en drag queen goth !
nihil
objection anthrax a répondu pour anthrax mais de toute façon depuis le départ t'as envie que je sois à la fois déraiz et anthrax, tu m'as envoyé un mail à ce sujet... s'il y a un truc que le net permet c'est bien de jouer sa schizo, sa multiplicité, jouer tout court ! mais ok, il y a donc des règles à respecter même sur la zone, pas de problème déraiz, anthrax c'est moi... moi c'est encore au moins une autre, et encore pour le genre c'est pas prouvé non plus...
déraiz a exploré un peu la zone et anthrax a suivi pour écrire des textes zonards, genre labo pour expériences d'écriture...
il y en a même ici qui ont trouvé qui j'étais réellement, incroyable non ? d'ici qu'ils viennent frapper à mon bocal et qu'on se fasse une bouffe y'a pas loin... ça ne me dérange en aucune façon...
quant à mes textes je les assume TOUS y compris ceux que je n'ai pas encore écrit !
fusionne-moi donc avec mon alter ego empoisonnée, promis je ne me multiplierai plus comme les petits pains de jésus...
et je te laisse choisir mon pseudo nihil, je sais que ça va t'amuser...
Y aurait moyen de s'amuser, mais je n'ai pas la tête à ça (cf édito qui va arriver dans la soirée)... Oui il y a quelques règles sur la Zone, encore que là ce ne soit pas le cas, je n'ai simplement pas envie de voir tout le monde suivre cet exemple et crouler sous 400 personnalités virtuelles. Sinon, la schizophrénie ne me gêne en aucun cas, au contraire.
je pense à nounourz et pas qu'aujourd'hui
cf le mail que je t'ai envoyé nihil
Je l'ai imprimé aussi (La Zone, partenaire officiel des imprimantes en rut) et, j'ai pas grand chose à dire de plus que ce qui a été dit. Je plussoie le résumé.
J'adore les bibles apocryphes. Malin et sympathique. Beaucoup-beaucoup plu. Merci Lapinchien. Dis-moi, entre nous, tu serais pas un prêtre défroqué?
Tu es déjà MORT
CTB
helas> tu veux qu'on s'la donne ? tu veux qu'on s'la donne ?
Whouafff , c'est très bon ! Merci