La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

La poubelle

Démarré par nihil, Octobre 24, 2006, 00:50:27

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nihil

Merci de bien vouloir déposer ici vos ordures : textes non potables, paragraphes vérolés, histoires inachevées, littérature de qualité inférieure, autre.

Récupération et recyclage tolérés.
Trafiquant d'organes
[www.nihil.fr]

Inv

Citation« J'ai le sida »
Elle m'a sorti ça, comme ça, à la sortie des cours. Pour le coup ça m'arrangeait vraiment pas, son sida, fallait que je trouve un endroit où bouffer rapidement parce que j'avais TD juste après. Il aurait pu attendre, son sida, moi non.
Ensuite elle a commencé à me raconter la genèse du truc.
Enfin, je crois ; c'était pas évident de tout bien entendre avec les écouteurs qui gueulaient dans mes oreilles. Mais j'ai entendu les mots soirée, alcool, garçon. Après je sais plus, j'ai mis le son plus fort.
Et là, la musique s'arrête, pile à un passage que j'adore : batterie déchargée. Alors forcément, ça m'a contrarié, mais ça tombait pas trop mal vu qu'elle venait de finir son récit ; du coup elle a cru que j'avais de la compassion. Et là elle a eu un petit sourire rassurant.
« Ce qui ne me tue pas me rend plus forte. »
C'était le genre de personne à sortir ce genre de phrase, à attendre que la vie s'excuse de l'avoir enculée à sec. Aussi aberrante fut cette affirmation sur un plan médical dans ce contexte, et malgré le fait que n'importe qui d'un temps soit peu informé sur le VIH l'aurait remarqué, j'ai cru bon de me taire. Faute d'avoir inventé l'eau chaude, elle aura inventé le sida qui rend fort.
Bon, il faut vraiment que je trouve un moyen d'échapper à la sidéenne.
Vite une idée.
Le train à prendre, non, le bus, bof...
Marrant, je n'ai absolument aucune idée de qui peut bien être cette fille.
Je crois que j'ai trouvé :
« C'est la punition de Dieu. Mais il n'est pas trop tard pour te repentir. »
Ca a eu son petit effet, elle change de couleur maintenant. Je parviens à me retenir de lui demander si elle couve quelque chose, parce que j'ai franchement plus le temps, et je me tire calmement, en espérant qu'elle reste médusée au moins jusqu'à ce que je sois hors de portée.
][>:=~+

Monsieur Maurice

Parceque tout le reste de la Zone, c'est pas une poubelle?
La réalité est une fiction créée par le manque d'alcool.

nihil

Il me semblait que si, mais y en a qui ont visiblement des scrupules à jeter leurs ordures n'importe où. C'est des putains de réflexes primaires d'écolos faut croire.
Trafiquant d'organes
[www.nihil.fr]

Dourak Smerdiakov

#4
J'avais un truc qui commençait bien, mais après, le trou, bête et con. Enfin, je balance, ça peut inspirer quelqu'un :

CitationLongtemps, je me suis couché de bonne heure.
Pour le débat citoyen et convivial dans le respect indivisiblement démocratique de la diversité multi-culturelle des valeurs républicaines oecuméniques.

lapinchien

C'est l'histoire d'un mec de parents d'origines espagnoles, né à villeneuve la Garenne en 1975, qui y grandit et y poursuit ses études jusqu'à la terminale sans probleme particulier. Ce mec alors part faire une ecole preparatoire porte de Clichy. Finalement il retape sa Math spé et finit par integrer une ecole d'ingénieur par l' alternance. Il trouve une boite de Multimedia à Rueil Malmaison qui le prend comme apprenti pendant 3 ans. Ensuite il decide de se barrer aux USA, il y trouve un taf, mais comme ce con a pas eu son diplome car il est trop debile et se drogue, il lui faut entammer une procedure pour avoir une carte verte. Cette procedure n'aboutira jamais. Il travaille alors pour un sombre connard en Floride depuis les Bahamas d'abord, puis depuis Pointe à Pitre en Guadeloupe ensuite. Le connard lui promet des parts de sa boite mais c'est une arnaque et le mec ne les aura jamais. Au bout d'un moment le gars s'en rend compte et decide d'aller rendre une petite visite au gars en Floride. Il met fin à leur petit partenariat caduque. Alors qu'il prend son avion pour revenir en France, il rencontre une belle passagère qui se revele être Polonaise. Le gars part alors vivre avec elle a Varsovie. Entre temps il a trouvé de gentilles personnes en France qui lui proposent de devenir actionnaire de leur boite. Il fait du teletravail un moment et revient en France pour s'installer à Montpellier. Il se marie. Il taffe comme un taré.Son père meurt. Les week ends il va marcher au bord de la plage au petit travers.




Si quelqu'un veut bien continuer mon histoire. Perso, elle commence à me gaver grave.

Malax

Au bout d'un certain temps l'espérance de vie tombe pour tout le monde à zéro.

lapinchien

çà c'est un super final twist !

Winteria

CitationIl y a toujours cette angoisse, quand on passe la nuit chez un ami pour la première fois.

Vous savez. Vous vous réveillez la nuit, enfermé dans des draps bien trop propres et bien trop tirés, entouré de divers objets décoratifs affreusement laids. Comme si, j'ai pensé, il était nécessaire que l'invité n'ait pas l'impression d'être oublié. Alors, les hôtes encombrent les étagères et les meubles de la chambre de poupées russes, de coupes remportées à l'occasion de quelque rencontre sportive, ou encore de photos de la famille de ceux qui vous hébergent.
Comme si, vraiment, on en avait quelque chose à foutre.

Aussi, il est souvent vrai que le nombre de personnes qui occuperont jamais cette pièce est inversement proportionnel au nombre de bibelots disposés. On pourrait penser que les gens, ils la fuient, cette chambre mal décorée. Les bibelots, ils feraient donc peur ? Aussitôt, vous pensez bien, j'ai imaginé tout un dialogue qui suivrait le fait même de l'invitation, où le principal intéressé - disons, moi, par exemple - demande à l'hôte si il y a beaucoup de vases moches dans la chambre. Et puis finalement, non.

Par ailleurs, le terme "chambre d'amis" inclut une certaine notion de possession de la part de l'invité. Comme si la chambre était vraiment à lui. Comme si l'invité, il pouvait bien repeindre les murs, ou encore abattre les cloisons, du moment qu'il se sente bien. La mère de famille pourrait bien débarquer pendant que vous ou moi recouvririons les murs d'images pornos, ça ne ferait rien. Elle s'appuierait tranquillement sur l'encadrure de la porte, et nous observerait, en trouvant ça du meilleur goût.

Mettons que vous n'auriez pas vraiment pensé à demander à votre ami si la chambre qu'il vous réservait était parsemée de ce genre de merdes. Des tableaux de brocante, un service à thé en plaqué or, tout ça. Mettons que ça vous soit sorti de la tête et que vous ayez accepté, sans savoir, l'invitation. Et donc, le lendemain, ou un autre jour, vous arrivez chez lui.

Souvent, devant la maison, on se demande l'air de rien si il faudra frapper à la porte, ou bien sonner. C'est le genre de pensée furtive qui s'évanouit rapidement, devant le fait accompli. Je veux dire, une fois la sonnette en vue, vous l'oubliez, cette question. Toujours est-il qu'elle se pose. Ce n'est d'ailleurs pas la seule. On peut aussi bien se demander si on est à la bonne adresse, si l'on est pas trop en avance – ou trop en retard, c'est selon -, si le père complètement nu de votre ami ne va pas vous ouvrir en vous souriant béatement, enfin vous voyez. Pour ça, je téléphone toujours à mon hôte, sur son téléphone portable. Je préviens. Qu'il vienne m'ouvrir, je lui dis. Et comme ça, je ne m'interroge pas trop. On se rassure comme on peut.

Quand la porte d'entrée s'ouvre, il y a cette seconde qui vous sépare de la réalité, celle où vous ne savez pas exactement qui joue le portier. C'est assez drôle, mais lorsqu'on y prête attention, durant cette seconde précise où la poignée s'abaisse, tout s'éloigne, et seule cette personne importe.

Et puis, vous entrez dans une espèce d'autre monde.

La première chose que l'on rencontre, en pénétrant dans le domicile d'autrui, c'est l'odeur. Personnellement, l'odeur, ça m'a toujours aidé à me faire rapidement une idée du mode de vie de la famille dont je brise, mine de rien, l'intimité. C'est drôle, ça. Par exemple, je saurais tout de suite que je n'aurais aucune gêne à garder mes chaussures aux pieds si je sens l'odeur de la litière du chat. C'est très important, pour moi, l'odeur, si vous me suivez. Et puis, si aucune odeur particulière ne se manifeste, je me sens, d'aucun dirait, comme chez moi. Leur maison devient la maison d'amis.

Très important, aussi, les toilettes. Il est très gênant de ne pas trouver le papier hygiénique dans des toilettes inconnues. Il faut qu'il soit là, bien en évidence, à portée de main et en quantité suffisante, le papier hygiénique. Mettons, il est sur l'évier, de l'autre côté de la pièce. Eh bien, on ose pas se lever, de peur de laisser çà et là, sur le sol, des traces éparses de son passage. Et quand bien même on se décide à le faire, on y fait bien attention, aux petites gouttes. Ou lorsque le rouleau est terminé : il faut en trouver un autre. Aussi, le problème précédent peut se poser, accompagné une gêne d'un tout autre genre. Le placard. Si vous ouvrez le placard qui - supposons - contient le fruit de votre recherche, et que vous tombez nez à nez avec les tampons de madame... Vous ne regardez plus madame tout à fait du même oeil, après ça. Et peut-être que quand elle vous voit à table, madame, elle aperçoit dans votre regard cette petite lueur, celle qui lui souffle que vous avez vu ses effets personnels à usage unique. Même si l'on y pense pas.

Inv

CitationMerde, encore tout ça...

Première chose que je me dis en arrivant par le haut de l'amphi. Je vais encore avoir du mal à trouver une place. Tiens, Ben est déjà là, il m'en a gardé une. Je me demande combien de temps il reste avant qu'assez d'étudiants comprennent enfin qu'ils n'ont rien à faire ici et que, par conséquent, il seraient bien inspirés d'aller placer leur masse graisseuse à l'ANPE ou dans une agence d'intérim au lieu d'occuper des places inutilement jusqu'à ce qu'il se prennent assez de « non admis » dans la gueule. Pourtant, il reste encore tout ça... On peut l'attendre la reprise économique.
Enfin, pour Ben ça me dérange pas, tant qu'il me garde une place.
Je me glisse jusqu'à lui, troublant la position assise de deux ou trois personnes.
Lui : "Salut."
Moi "Salut."
Lui : "Alors ton week-end ?"
A chier.
Moi : "Pas mal et toi ?"
Lui : "Bien."
Rien à foutre.
Je remarque qu'un type de mon groupe de TD est assis derrière moi, il me salue.
Lui : "Salut."
Merde c'est quoi son nom...
Moi : "Salut."
Lui : "Comment va ?"
J'ai envie de crever.
Moi : "Bien et toi ?"
J'ai envie que tu crèves. Rien de personnel.
Lui : "Bien."

Des sons de démarrage de Windows se font entendre. Je regarde autour de moi, fais semblant de chercher quelqu'un. Ce serait pas mal de balancer une grenade en plein milieu de l'amphi. Je sors mon bloc note. Juste une, pour voir. Je fais semblant de m'intéresser au contenu des pages du manuel que je feuillette. Y'aurait une chouette photo à faire. Le prof arrive enfin. Comme ça on verrait les gens atteints différemment selon leur éloignement par rapport à l'explosion. Son arrivée me soulage, je ne sais pas combien de temps j'aurais encore pu réussir à me donner une contenance. Une sorte de disque avec des cadavres au milieu et des estropiés autour.
Ben : "Merde, déjà là lui."
Moi : "Ouais ça fait chier."
Ben : "Clair."
Il commence son cours.
Ben pose sa tête sur ses bras et ferme les yeux, je commence à noter.
Ben : "Réveille moi à la pause, ça me ferait chier de la louper."
Moi : "Je peux te poser une question ?"
Ben : "Mmh."
Moi : "Pourquoi tu continues de venir ?"
Ben : "J'ai payé."
][>:=~+

Astarté

Malax t'es tout pourri
Winteria et Inv : deux sales égoïstes.

Ouais
"Te laisse pas impressionner Astarté, acharne-toi sur lui, tu as mon soutien silencieux"
Aelez le 10 mars 2007 à 01.05.09

Dourak Smerdiakov

En tout cas, ça me rappelle une chanson de Sylvie Vartan.
Pour le débat citoyen et convivial dans le respect indivisiblement démocratique de la diversité multi-culturelle des valeurs républicaines oecuméniques.

Narak

#12
E. était assis entre deux rayonnages réfrigérés de supermarché lorsqu'il le vit.

E. avait reçu la meilleure éducation : fils d'un haut fonctionnaire, il avait été élevé avec un membre du sexe opposé prénommé C. plus jeune que lui de 5 ans, dans l'école la plus prestigieuse du monde. En théorie, aucun livre et aucune grande pensée ne lui était étrangère. La pratique s'avérait différente. E. était doté d'un goût parfait en matière vestimentaire, alliant une apparence autoritaire, voire stricte, à un visage attrayant bien que très osseux, terminé par une courte barbiche.
E. était athlétique.
E. avait des yeux noirs énormes tatoués sur les paumes des mains.
E. avait de longs doigts fins qui se terminaient par de petits ongles taillés à coups d'incisives, un cou fin aux veines saillantes et un berline noire qui reflétait son statut social.
E. était d'une époque post scientifique et E. était le pur produit de son époque.

Il était affalé par terre pour se reposer de sa soirée. Une nuit de plus.
Encore une nuit sans fin dans un rayon réfrigéré de supermarché. De temps en temps quelqu'un passait sans le regarder, heurtant sa chaussure italienne de la roue de son caddie.
Ils viennent ici dépenser leur fric et ils lui roulent sur la chaussure avec leur chariot qui grince et qui roule, incapable de suivre une trajectoire sur ses quatre roues pivotantes.

Ici et au-delà de ces baies vitrées c'était le règne du chimique, du synthétique et des succédanés. Tout ça sent la crasse accumulée, la solitude, l'apathie et le formol.

E. tourna la tête.
Il le vit.
Là il commença à hurler pour de bon.
E. était un vieillard de trente ans qui vagissait des onomatopées gutturales comme un nouveau-né allaité de dégoût.
Car E. allait crever.
Crever.


##########
L'amour c'est fort, l'envie de chier c'est pire...

lemon A

Jacky Lucky Joe le funky poseur s'était briefé auprès de ceux qui paraissaient capables de l'informer. Il envisageait de redescendre l'Amazone jusqu'à Belem, au départ d'Iquitos. En recoupant différents éléments il identifia plusieurs difficultés.

Des pirates attaquaient parfois les navires. La nuit ils s'amarraient au bateau et dépouillaient tout le monde d'une manière plus ou moins violente selon les cas. C'était chiant cette histoire de pirate car Jacky Lucky Joe ne parlait ni ne comprenait l'espagnol ou le portugais ou le queshua ou quoi que ce soit qui puisse être une langue du coin. Il faut préciser que le funky poseur gardait toujours ses 33 tours à portée de main, constamment disponible pour embraser la piste, toujours prêt pour la funky party. Le passeport et les autres papiers il pouvait bien les perdre car son identité d'homme était graver dans les microsillons. Mais Jacky Lucky Joe pensait, s'il ne tombait pas sur une bande d'enculés, qu'il pourrait conserver son bien. Après tout les pirates sont de braves gens, qui aiment aussi le groove et la bonne soul. Ils ne font pas la guerre comme les autres et voilà tout. Au pire, Jacky Lucky Joe se mettrait à genoux, ouvrirait son bac en grand et balancerait une supplique bien deep, dans l'esprit des premiers gospels, qui percerai jusqu'à la sensibilité des cerveaux les plus secs et toucherait aux tripes. De toutes façons, les tourne-disques n'existaient plus en Amazonie, on en trouvait pas plus que sur la banquise. Si les pirates s'emparaient des précieuses galettes celles-ci termineraient immanquablement sur les parois humides d'un boui boui monté sur pilotis, pour rappeler le bon temps et éponger les nostalgies.

Mais les pirates c'était rare qu'on lui disait. On lui disait aussi « parfois le bateau coule ». Regardes ton embarcation, vérifies si le navire est en bon état. Mais putain, un navire en bon état ca ressemble quoi en Amazonie ? En secouant ses funky méninges Jacky Lucky Joe ne se souvenait pas avoir croisé un solo véhicule en bon état dans cette partie du monde. Ne montes pas dans un  rafio qu'on lui disait. Putain de punky shit on le prenait pour qui ? Pour un ingénieur hydrolique ? Et si le bateau coule comment  fait-on ? Si le bateau coule c'est certainement parce qu'il n'est pas en bon état mais c'est aussi parce qu'il est trop chargé en marchandises diverses : fruits, bois, équipements, hommes, femmes et enfants. Putain si le bateau coule tu te précipites sur un gilet de sauvetage pour ne pas sombrer dans les tourments liquides du fleuve. Un genre d'action nécessitant promptitude et rapidité puisque si un bateau coule il se trouve en général moins de gilets à bord que de passagers. Et la promptitude et la rapidité ce n'était pas le style de Jacky Lucky Joe, sauf lorsqu'il envoyait le son.

Au bord de l'Amazone un funky poseur sifflait du James Brown. Il avait l'impression que les moustiques voletaient en cadences et il se demandait, comme ça, si un homme et 20 skeuds pouvaient marcher sur l'eau.

Dourak Smerdiakov

#14
Au fond, c'est vrai que ça fait du bien de se décharger de ces choses-là de temps en temps.
Pour le débat citoyen et convivial dans le respect indivisiblement démocratique de la diversité multi-culturelle des valeurs républicaines oecuméniques.