LA ZONE -

Blasphèmes

Le 02/02/2016
par Dourak Smerdiakov, David, Lapinchien
[illustration] topic originel sur le forum de la Zone
Dans ton culte

Tu laisses ton balai posé contre le mur
pour te mettre à genoux pendant que tu récures
en prosternant ta face aux moindres moisissures
Pour ton dieu Propreté, rien n'est jamais trop dur.

Aucun couloir ne sait combien tu mises sur
Tes genuflexillons et les moindres enflures
à tes paumes, tes doigts, voués aux vomissures
Pour te croire investi du rôle le plus pur.

J'aimerai tant shooter dans ton cul quand je passe
espèce d'enculé, technicien de surface,
mais je garde mes pieds dans mes sabots bouseux.

J'arrive dans ton dos, pendant que tu travailles,
méphitique et discret comme un feu de broussailles
Pour tout souiller ce que tes genoux ont sous eux !


David



L'idole (sonnet du trou du cul)

Comme je descendais la jeunesse, impassible,
Je ne me sentis plus guidé par la raison ;
Millions d'oiseaux d'or, lichens, morve à foison,
Déferlèrent : soudain, rien n'était indicible.

Je crus ! et mes pustules d'acné irascibles
N\'ont pas connu de plus infernale saison,
Je lus ! Je déclamais, ravi, en pamoison,
Les vers de ce dieu-là qui m'avait pris pour cible.

Fanatique, une nuit, j'entrai à Charleville
Sautai un mur, cherchai la tombe puis, servile
Disciple, récitai mes louanges, ému.

Aujourd'hui, Dieu merci, je ne vénère guère
Et ne relèche plus l'idole de naguère.
- J'admire encore, hélas, ce petit trou du cul.


Dourak Smerdiakov



Hôtel de la Déréliction

L'hôtel est perdu dans les bois.
Sur la table de nuit, morbide,
Ta photo jaunie... air stupide.
Ce n'est plus pour ça que je bois.

Je n'ai jamais pensé qu\'à moi.
Cafards partout, mini-bar vide,
La chambre infiniment sordide.
Dehors, le monde est aux abois.

L'air immobile à tout jamais.
La nuit, le froid éternels, mais
Finis les problèmes de flouze.

Hôtel de la Déréliction,
Une dernière décision.
Dieu est mort dans la chambre douze.


Dourak Smerdiakov




Pour faire le portrait de Mahomet (blasphème aux règles du sonnet)

Peindre d'abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d'utile
pour Mahomet
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l'arbre
sans rien dire
sans bouger...
Parfois Mahomet arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s'il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l'arrivée de Mahomet
n'ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand Mahomet arrive
s'il arrive
observer le plus profond silence
attendre que Mahomet entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucun des poils de Mahomet
Faire ensuite le portrait de l'arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour Mahomet
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été
et puis attendre que Mahomet se décide à chanter
Si Mahomet ne chante pas
c'est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s'il chante c'est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
un des poils de Mahomet
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

Lapinchien

= commentaires =

Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 02/02/2016 à 13:03:44
pourtant #JeSuisPasCharlie
J'ai faim et soif
    le 02/02/2016 à 13:15:41
Effectivement, tu souffres de la juxtaposition. Mais bon, c'est Smerdiakov en face. Un type à la constance révoltante, au style entériné depuis quinze ans, et qui n'a jamais pondu -ou publié..- un seul TDM de sa carrière. Même cette ânerie de Bitengranit est lisible. Il n'est pas humain.
Tandis que toi, tu es magnifiquement perfectible, tu es le champion d'un peuple qui ne craint pas de choir et d'écrire avec un stylo au pâté de cerf comme ci-dessus. Tu es différent.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 02/02/2016 à 13:19:02
écrire c'est vite dit, c'était un petit plagiat ni vu ni connu
Curare-

Pute : 0
    le 03/03/2016 à 21:33:05
Dourak Smerdiakov



Hôtel de la Déréliction

L'hôtel est perdu dans les bois.
Sur la table de nuit, morbide,
Ta photo jaunie... air stupide.
Ce n'est plus pour ça que je bois.

Je n'ai jamais pensé qu\'à moi.
Cafards partout, mini-bar vide,
La chambre infiniment sordide.
Dehors, le monde est aux abois.

L'air immobile à tout jamais.
La nuit, le froid éternels, mais
Finis les problèmes de flouze.

Hôtel de la Déréliction,
Une dernière décision.
Dieu est mort dans la chambre douze.


Dourak Smerdiakov


Je voudrais bien lire encore de ta prose -
Je trouve 1 écho à la mienne
j'ai pas dit 1 écho à mon ego -

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