LA ZONE -

A Manuel Valls

Le 25/05/2016
par Mill
[illustration] Tu ne liras pas ces mots, je ne le sais que trop bien. Ce sont les mots d'un quidam, un anonyme parmi d'autres millions d'anonymes, un parmi « les gens », tu sais, ceux que tu n'écoutes plus depuis si longtemps qu'on se demande si tu les as jamais écoutés un jour. Je ne parle qu'en mon nom mais je gage que d'aucuns se retrouveront, au moins partiellement, dans ce que j'ai à te dire, sans haine ni violence - mais sans sympathie non plus - pour ta petite personne gorgée de mépris.
    Tu ne liras pas ces mots parce que tu poursuis ta route sans un regard en arrière, sans un regard pour les autres, sans considération aucune pour la moindre pensée dissidente. Concept qui, j'imagine, englobe à tes yeux tout ce qui s'oppose de près ou de loin à tes projets politiques, quels qu'ils soient. On l'a bien compris en lisant ton livre d'entretiens, Pour en finir avec le vieux socialisme... et être enfin de gauche. Tout est dans le titre, pas vrai ? Clémenceau plutôt que Jaurès. La lutte des classes n'a plus lieu d'être. Et le nom même du parti, qu'il conviendrait selon toi de changer pour coller davantage à tes aspirations libérales - lesquelles ont le vent en poupe à notre époque, j'en veux pour preuve l'étonnante popularité de certains ministres fantoches qui portent beau mais dont l'idéologie se résume à embrasser le dogme capitaliste et à endosser le brassard du haut-patronat.

    Tu n'es pas socialiste, Valls. Tu ne l'as jamais été. Tu es passé devant une porte ouverte, tu t'es engouffré et t'as creusé ton trou. Et tu continues. Avec fermeté. Tu l'aimes bien, ce concept. Comme si tu avais compris qu'il t'honorait de qualités complémentaires : puissance, force, incorruptibilité. Tu as peut-être besoin de compenser quelque chose, une blessure qui remonte à l'enfance, une tragédie familiale, un traumatisme quelconque... Tu veux un câlin, Valls ? Viens dans mes bras, gamin, et explique-moi une fois pour toutes pourquoi tu éprouves un tel besoin de te sentir exister dans l'agressivité et le conflit. Conflit que tu domines de facto, à travers tes fonctions, mais qui finira sans doute par t'éclater au visage parce que certaines situations échappent inexorablement à toute tentative de contrôle.

    Tu as besoin de dominer, c'est ça ? Pourquoi tu ne le cantonnes pas à ta vie privée ? Il est des pratiques sexuelles fort enrichissantes qui te soulageraient sans doute si tu voulais bien passer outre ton éducation catholique. Laisse-toi aller, détends-toi, relâche la pression, expulse.

    Enfin, quand je dis « expulse », ne nous méprenons pas. Au vu de tes déclarations passées sur les Roms ou de la fermeté - ah ben oui, encore elle - affichée quant au contrôle des flux migratoires, c'est très précisément le mot qu'il convient d'éviter. Tu prendrais ça pour de la provocation et je ne donne pas cher de ma nationalité, puisque tu fais également partie des sinistres à avoir voté la déchéance de la sus-dite.

    Quand comprendras-tu que tu es à notre service ? Oui, toi, premier ministre non élu, simplement désigné par un Président de la république dont la légitimité politique n'a pas fini de s'étioler par les temps qui courent. Toi, un fonctionnaire parmi d'autres, mieux payé, il est vrai, que ma femme institutrice ou que mes amis profs, mais un serviteur de l'Etat. Et l'Etat, aux dernières nouvelles, est censé servir l'intérêt général. Or, l'intérêt général, le moins qu'on puisse dire, c'est que tu t'en contrecognes.

    A qui profite la loi El-Khomri ? Pas aux salariés, c'est un fait. Pas aux entreprises, ce qui est un petit peu plus compliqué à comprendre pour nous autres béotiens. Comme je ne prétends pas tout maîtriser, je propose ici la lecture d'un excellent article un peu technique pour éclaircir ce point : http://www.miroirsocial.com/actualite/13122/loi-travail-a-qui-profite-le-crime

    La loi « Travail » profitera aux actionnaires. L'objectif avoué reste la réduction du coût du travail et une meilleure circulation des dividendes. En gros, tant que l'argent continue de remplir certaines poches et pas d'autres, allons-y gaiement ! Ne lâchons rien, balançons-leur encore et encore que la France - que dis-je, le MONDE - est en crise et qu'il faut se serrer la ceinture, qu'il faudra travailler davantage et pour rien !

    D'ailleurs, Valls, il me semble bien que tu soutiens farouchement l'idée d'une retraite à 65 ans, non ? Il me semble aussi que tu soutiens les élucubrations de Macron et consorts pour tout ce qui concerne les minima sociaux, je me trompe pas hein ?

    Tu nous dessines quel avenir, Valls ? Tu crois vraiment qu'on va accepter d'en baver jusqu'à ce qu'on nous fasse même payer la salive ? Dans un monde où les actionnaires de grosses boîtes touchent des sommes infiniment plus importantes qu'un prof, une infirmière ou un mécano ? Et ce sans lever le petit doigt ?

    Mais tu es fou, Valls.

    A lier.

    Je ne sais plus qui a dit, en parlant du système capitaliste, qu'il s'agissait d'un système idéaliste. Un système totalement détaché du réel, de la notion même de réalité. C'était peut-être Orwell, je sais plus. Toujours est-il qu'un système qui affame la majorité de la population pour nourrir un pourcentage de plus en plus réduit de possédants est un système inefficace et voué à l'auto-destruction. Tu le sais, Valls. Je crois me souvenir que tu as fait des études alors oui, tu le sais forcément.

    Et tu voudrais qu'on laisse filer, qu'on courbe l'échine et qu'on retourne voter pour vous autres, dans un an, dans six, et encore derrière ?

    Je te le répète, Valls : tu es fou.

    Ce qui se passe en ce moment signe le début de quelque chose qui risque de basculer sérieusement dans un grand n'importe quoi que je ne me risquerais pas à définir. Des mots épars pourtant me viennent à l'esprit : chaos, anarchie, violence, terreur, guerre civile... J'y peux rien, j'ai l'esprit mal tourné. Et le pire, c'est que je souhaite que ça bascule. Parce que ton projet de société, personne n'en veut. L'intérêt général, nous savons ce que c'est. Mieux que toi et ta bande d'illuminés vendus aux banques et aux diktats d'une économie froide et clinique.

    Tu n'as pas compris que l'économie n'est qu'un outil de mesure comme un autre. Nous sommes des êtres humains et certains d'entre nous s'apprêtent très probablement à sortir de leurs gonds. La CGT appelle à bloquer les centrales nucléaires. Ca va se faire, tu peux y compter. Et lorsque tout le monde sera suffisamment excédé, nous serons TOUS dans la rue. Et fatalement, il y aura des gens armés. C'est vraiment ça que tu veux ?

    Tu es fou, Valls.

    Complètement cintré.

    Je sais que tu attends avec l'assurance d'un Machiavel le lancement de l'Euro 2016. Le premier match, France-Roumanie, devrait drainer suffisamment de monde déjà pour freiner le mouvement. Tu es un petit malin, Valls, nul ne le niera.

    Il nous reste toutefois quinze jours. Quinze jours décisifs et si tu ne plies pas, ma foi, je doute que les festivités se déroulent sereinement.

    C'est ça, ton kif, Valls. Mettre de l'huile sur le feu. On s'est coltiné deux attentats en un an pour vivre ça ?

    Personnellement, je ne regarde pas le football et je serai dans la rue.

    A bon entendeur.

= commentaires =

David

Pute : -3
Dans ton butt    le 25/05/2016 à 18:29:58
Il est terrible l'article cité en lien au milieu.
Mill

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Pute : 1
    le 25/05/2016 à 18:36:35
Il fait froid dans le dos.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 17/12/2016 à 14:54:11
ce texte aussi, j'ai envie de le remonter aujourd'hui
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 17/12/2016 à 14:54:58
en fait le PS français est mort, c'est devenu le backroom de les Républicains.
Muscadet

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Pute : 0
    le 17/12/2016 à 18:56:07
Je n'avais pas remarqué d'agitation du côté de Filoche dès le mois de Mai.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 17/12/2016 à 19:40:27
a priori le PS qui veut définitivement muter en parti démocrate à l'américaine à bien senti la menace, lui

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