Jean-Ba n'avançait plus. Ils venaient justement de passer un de ces goulots d'étranglement quand il s'était soudain interrompu, levant la main, respirant sans bruit pour mieux tendre l'oreille.
« T'as entendu quoi, p'pa ?
- Je ne sais pas. C'est peut-être la cascade. »
Axel savait parfaitement ce qu'il avait entendu. Lui-même n'était pas sourd mais il avait décidé de l'ignorer. Son papa recommençait à se comporter normalement, il n'allait pas risquer de l'énerver avec des sons imaginaires. Il s'attendait à ce qu'il lui réponde « c'est dans ta tête », « arrête de psychoter », « tu délires, mon pauvre », ou « je te croyais moins peureux mais faut croire que t'as du mal à grandir, pas vrai ? » Il s'attendait à l'une de ces humiliations ordinaires auxquelles se soumettent généralement les enfants. Celles au premier rang desquelles la faiblesse physique est assimilée à la lâcheté, les larmes à une forme de fragilité, et n'importe quelle terreur enfantine à de la bêtise.
Alors il préférait laisser parler son père et éviter de préciser ce qu'il avait, lui, cru entendre : le murmure régulier d'une voix semblable à celle du méchant dans un dessin-animé, entrecoupée de gloussements aigus.
Mmmm-huh-huh-mmmm-huhuhu-mmmm...
Ce n'était certainement pas la cascade.
« Ça faisait quoi, ce que tu as entendu, p'pa ? »
Jean-Ba regarda son fils en fronçant les sourcils, l'air de ne pas comprendre.
Axel précisa alors sa pensée :
« C'était comme une voix, des grognements, des bruits de pas ? »
Court silence au cours duquel l'expression sur le visage de Jean-Ba passa de l'incompréhension à une sorte de suffisance agacée. Tandis qu'il secouait la tête en signe de violente dénégation, il balbutia :
« Mais, qu'est-ce que... Non ! Tu - enfin, quoi ? C'est n'importe quoi... »
Jean-Ba n'en dirait pas davantage.
Pour comprendre pourquoi, il convient de revenir en arrière et de nous concentrer sur les pensées de cet ancien toxicomane, certes en meilleure forme qu'à la grande époque de sa piqûre quotidienne, mais tout de même suffisamment détruit de l'intérieur pour vivre dans l'impression perpétuelle que tout ce qui l'entoure pourrait s'effriter d'un instant à l'autre. Ainsi, là où le fils tâchait de progresser vaille que vaille à l'intérieur de ce qui ressemblait de plus en plus à un cauchemar éveillé, le père, lui, s'enfonçait progressivement dans l'infâme noirceur de ses errances passées. Il revivait son manque, le vide qu'il avait tant de fois essayé de combler, la douleur ancrée en lui de l'homme déraciné, instable, l'homme qu'un seul souffle risquait d'abattre s'il ne faisait l'effort de s'agripper à un élément de décor.
Lorsqu'il avait marqué son temps d'arrêt peu avant de pénétrer dans le tunnel qu'ils s'apprêtaient à laisser derrière eux, il avait clairement distingué le visage de son ami Pat', comme imprimé sur la paroi devant lui. Puis il y avait eu à nouveau cette espèce de colonne de vapeur noire, ce filin si ténu qu'il ne pouvait s'agir que d'une illusion quelconque, une crotte dans l’œil. Alors il avait bougé la tête, pris d'un haut-le-cœur, soucieux de ne pas affoler le petit, déjà drôlement secoué par sa rencontre avec le serpent et ce... cette pierre qui avait chuté de nulle part. Puis il avait tenté de revoir ce visage, le cherchant dans le relief des murs de la grotte, puis la fumée noire, et il avait perdu les deux, ce qui lui semblait proprement insensé. Deux hallucinations aussi différentes, coup sur coup ? Ce n'était pas possible.
L'ancien tox avait compris également que le petit n'était pas dupe. Il avait deviné son émoi. Il ne se doutait probablement pas de ce qui se passait réellement - il devenait fou, autant se l'avouer dans l'intimité de sa propre cervelle - mais il avait parfaitement compris que rien ne se passait comme prévu.
C'est à ce moment-là qu'il s'était senti glisser. Comme une perte d'équilibre dans son chemin de pensée, avec un bruit à l'intérieur de sa tête, semblable à un décapsulage, un « pop » de champagne débouché à la force du poignet. Il y avait eu aussi ce courant glacé sous sa nuque, comme s'il avait frôlé un tigre dans le noir et que son corps avait réagi de façon viscérale, expérimentant la terreur plutôt que se l'expliquant à force de locutions et de périphrases. Il avait ressenti une telle déconnexion avec le réel qu'il s'était entendu répondre d'une voix atone, étrangère à sa personne. Il avait parlé à son fils comme un robot et ne savait toujours pas où il était allé pêcher ces phrases, ni pourquoi il s'était obstiné à rester dans la grotte. Et encore moins pourquoi il s'acharnait à l'imposer à son fils.
Il se revit, plus jeune, défoncé à l'éther, aux joints et à une drogue chimique de merde dont il avait oublié le nom, guidé par un instinct défectueux le long d'une file indienne de types aussi fracassés que lui. Ce n'était pas une fête, personne ne dansait et la seule musique diffusée sortait d'un vieux poste à cassettes posé sur une cagette jetée à même le sol. Du rap US, avec ses basses lourdes et baveuses, luttant pour exister dans ces médiocres enceintes. Les autres gars, des clients comme lui, efflanqués, sapés comme des cloches, des punks ou des connards m'as-tu-vu qui s'obstinaient à donner le change. Il les connaissait, ceux-là. Des amateurs de poudreuse, grands spécialistes du « je gère » et « j'arrête quand je veux ». Mais leurs costards auraient bien eu besoin d'un repassage et d'un séjour chez le teinturier, et les poches sous leurs yeux rougis par les nuits blanches les révélaient au monde. Ils étaient comme lui et les autres, des blessures béantes qui grattaient la cicatrices à coups de pétards, de lignes, de piquouses, de cachetons, parfois tout ça à la fois, avec une bière pour faire passer.
Il se souvenait de cette attente interminable, au milieu des cancrelats, dans la crasse de ce centre commercial à moitié en ruines. Ça durait des heures. Des heures dans la fraîcheur moite de cette banlieue moisie, au milieu des palettes qui brûlaient dans la nuit et des dealers qui fumaient jusqu'au matin, se hélant les uns les autres sans jamais s'adresser à leurs clients à qui ils disaient juste « kestuveux » et « combien », puis « vas-y trace cousin » dès que l'argent et la drogue avaient changé de mains. Et le vacarme grossissait à mesure que passait le temps, parce qu'ils se criaient dessus, se cherchaient avec leur humour de brutes nées dans la fange, un pistolet glissé à l'arrière du survêt, un joint immense fiché dans leurs bouches ricanantes.
L'endroit l'avait marqué. « L'antichambre de l'enfer », s'était-il entendu penser lors de ses rares moments de lucidité. Une vaste cour carrée aux carrelages ébréchés, voire arrachés par pans entiers, des commerces aux façades peinturlurées de tags, éventrées pour les plus malchanceuses. Les dealers disparaissaient parfois dans les trous creusés dans les parpaings, s'enfonçaient dans l'ombre de leur termitière et ressortaient avec la came. Dans leur dos, on imaginait un calvaire, un désert de sable noyé sous les détritus, des montagnes de verre brisé, mais on ne voyait jamais rien. Ils y entraient à l'aveuglette, sans même se servir de leurs mains pour avancer à tâtons. Des insectes. Des créatures dont les yeux, le nez, la bouche n'étaient qu'apparat.
Sous les zones couvertes - de ces plafonds déliquescents qui dataient des années soixante - , les dealers ramenaient régulièrement du mobilier récupéré au pied des immeubles : un canapé désossé, des fauteuils de bureau qui ne remontaient plus ou qui refusaient de tourner, des chaises de jardin en plastique. Et régulièrement, un foyer alimenté par du bois de cagette, des cartons, des papiers gras récupérés des kebabs qu'ils engloutissaient quotidiennement. Le feu leur léchait la peau et faisait danser les ombres sur les murs crasseux, à moitié démolis, de l'ancien centre commercial. Un foutu « lieu de vie » agonisant, crachant son dernier souffle au rythme des lamentations sourdes des clients en manque et des éclats de voix des dealers triomphants.
Il se rappelait chaque recoin, les volets condamnés aux persiennes rouillées, les portes dégondées, les briques éclatées. Des kilomètres d'insultes graveleuses, de violence verbale, de crasse mentale barbouillée entre deux tags. Des années plus tard, il rêvait encore de ces zones d'ombre qui semblaient l'attendre, lorsqu'il arrivait par l'escalier de la rue. L'endroit était surélevé et donnait sur un parking que cernaient d'autres commerces, une épicerie qui donnait dans le trafic de cigarettes, un marchand de fruits et légumes, un kebab à l'odeur impérieuse. C'était comme un îlot surplombant une vallée perdue dans le bitume. Il s'y rendait dans un état de fébrilité extrême. L'approche du shoot excitait ses papilles. Il ne tenait pas en place, prêt à bondir à la moindre anicroche. Il craignait surtout le vol, l'agression gratuite, l'arnaque du trafiquant qui se sait tout-puissant et te défie de l'ouvrir. Ouais c'est du pneu, ouais c'est de la farine, du sucre, de la merde, ouais j'ai ta thune et t'auras rien en échange et ouais je sais bien que ce pognon, t'es allé le chourave à quelqu'un d'autre, que t'en as grave chié pour le pécho, ouais je sais ouais, et tu vas faire quoi, hein, tu vas faire quoi ?
Il avait peur des flics aussi. On l'avait contrôlé une paire de fois. Un taux ridiculement bas au vu de ses innombrables visites chez les marchands de sable, comme il les appelait alors. Mais on l'avait fouillé, palpé sans ménagement, l'un des plus jeunes, un roquet à la voix de stentor l'avait même un peu secoué en le tenant par le col, comme un personnage de dessin-animé. Heureusement pour lui, il s'était fait carotté sa thune quelques minutes plus tôt. Des jeunes en tenues Nike et Adidas, aux cheveux rasés à la tondeuse. Alors les keufs n'avaient rien trouvé et il s'en était tiré sans même un avertissement. Mais la trouille au ventre, oui. La trouille et la certitude que la prochaine fois serait la bonne. Il se ferait serrer avec un dix-grammes dans le calcif, on le frapperait probablement un petit peu, assez pour le terroriser vu qu'il lui en fallait pas beaucoup, et il balancerait des mecs, et ce serait le début d'une longue dégringolade qui le laisserait dans la rue, une ordure dans un tas d'ordures. Un cafard parmi les cafards.
Alors quand arrivait son tour, que le gars avec la casquette lui lâchait un « kestuveux » cinglant sans le regarder dans les yeux, il payait sans discuter, ne contrôlait même pas le produit qu'on lui glissait dans les doigts. De la poudre, parfois, dans une pochette plastique hermétique, un sachet d'herbe particulièrement chargée en THC, le genre de mélange qui faisait la gloire des labos néerlandais depuis les années 2000, plus rarement de l'héro ou du crack mais il ne l'excluait pas. S'il n'avait pas de chance et qu'il ne restait rien d'autre. Pas question de rentrer bredouille. Pas question de ne pas ressentir le shoot, la claque qui t'échauffe la gueule et t'envoie valser de l'autre côté du réel. Pas question de garder cette foutue tension en lui, de l'entasser sur celle d'hier, et d'avant-hier et de tous les jours, toutes les nuits avant, la peur, l'angoisse, le stress, ce foutu vide qu'il essayait de combler avec les drogues.
Alors il fumait. Avec les gars qui étaient là, la faune. Les zombies au cerveau en gruyère, les déclassés qui venaient chercher du réconfort sans pour autant faire le lien entre leur conso et le négatif de leur compte en banque, les monstres pathétiques qui anesthésiaient leurs pulsions parce qu'ils se savaient incapables de vivre en société. Il fumait avec les gens les plus sinistres, les plus drôles, les plus fragiles, les plus puissants qu'il avait jamais croisés et qu'il croiserait jamais dans sa vie. Il n'avait jamais partagé une seringue mais une paille, un billet de cinq euros roulé sur lui-même, un cul de pétard, une clope... Il faisait fi des boutons de fièvres, des engelures et des cicatrices béantes. Il assimilait leurs balafres à des escarres. Cette ride infâme qui traversait le visage de Tarik, c'était parce qu'il ne riait plus depuis l'âge de douze ans, et cette autre, là, aux coins des lèvres de Richie, c'était des coups de cutter qui lui avaient creusé le sourire du Joker. Il manquait une oreille à José le Frileux, et quelques dents aussi. Quand il souriait, sa bouche exhibait des trous noirs semblables à des terriers. C'est un petit rigolo qui avait relevé ce détail, un jour qu'ils étaient tous éméchés à quémander des sticks aux véritables seigneurs de cette cour des miracles. Belette, qu'il s'appelait. En tout cas, il voulait qu'on l'appelle comme ça et comme il refusait de donner son vrai nom, la plupart des branleurs avaient cédé à ce caprice. Pas les dealers. Pour eux, c'était « merdeux », comme dans « arrête de la ramener, merdeux, tu nous casses les couilles avec ton rire de chèvre. »
Suite à une plaisanterie de Belette, José le Frileux avait éclaté d'un rire asthénique. On aurait dit qu'il s'épuisait à chercher de l'air. Belette était resté interdit devant cette bouche aux dents intermittentes et avait sorti un truc du genre :
« Wow ! Ferme-moi ce museau, mon gars, des fois qu'une petite souris s'échapperait. »
Contrairement aux autres fantômes, Jean-Ba n'avait pas rigolé. Ça l'avait figé net, au contraire, et il avait basculé un court instant dans une terreur hallucinatoire. Il avait vu distinctement de fines petites pattes brunâtres se frayer un chemin entre les lèvres de José le Frileux, les écarter doucement, s'y reprenant à deux fois à cause de la différence de taille. Deux longues antennes avaient brusquement suivi, comme propulsées à l'extérieur par un ressort ou un élastique, et enfin, la tête ovale et aplatie d'un cafard aux yeux noirs. Il gigotait de droite à gauche, extirpant péniblement son corps quasi translucide de ces gencives ébréchées, ouvrant la voie, peut-être, à d'autres comme lui.
Et pourquoi « peut-être » ? Bien sûr qu'il y en avait eu d'autres ! Des tas d'autres. Luisant comme des sémaphores contre ces dents d'un jaune-gris à rendre jaloux un lavabo dans une station-service. Petits ogives d'ambre crasse, grouillant sur les plis de sa peau sèche, renvoyant la lumière aléatoire des feux improvisés dans cet atrium dépourvu d'électricité. Le ballet des flammes léchait les corps et les visages, mordant dans l'ombre pour mieux recracher ensuite des îlots de lumière aux contours flous. Les blattes surgissaient de nulle part, parcouraient quelques centimètres de peau, de cheveux, de tissus, puis se perdaient dans les plis, les ourlets, les bourrelets, le creux de l'oreille, la narine droite ou le buisson revêche des poils de barbe des moins glabres.
Lorsqu'il avait rapporté, des années plus tard, le détail de ces visions aux psys de la clinique, on lui avait répondu « récurrence » et « sublimation ». Puis d'autres mots plus longs, plus compliqués, qu'il n'avait pas retenu. Les médecins lui avait parlé de la force de l'inconscient, capable de sentir le danger alors qu'il n'avait conscience de rien, qu'il se laissait glisser et qu'il était sûr d'y laisser la vie si rien ne changeait. L'un d'entre eux en particulier, un gros monsieur transpirant sous sa blouse blanche comme s'il avait passé des heures à déambuler sur un chantier, lui avait expliqué que son cerveau cherchait à le prévenir.
« Vous vous cachez derrière un voile de fumée » lui avait-il déclamé, omettant pudiquement de mentionner sa polytoxicomanie avérée. « Littéralement, si je puis dire. »
Il avait émis un petit rire entendu, le genre de ricanement complice qui sert de bande-son officieuse aux émissions littéraires après le JT du soir.
« Comprenez bien, mon cher Jean-Baptiste, que votre cerveau n'est pas dupe de votre manège. Vous repoussez sous un tapis virtuel la saleté qui vous encombre mais que vous rechignez à jeter dans la benne à ordures. Votre cerveau, pourtant, continue à turbiner de son côté et il se sert de tout ce dont il dispose pour vous adresser une message. Et ce message, je gage que vous avez fini par le déchiffrer, avec le temps. Sans quoi, vous ne seriez pas ici, dans cette chambre, à me raconter votre vie. »
Pourquoi des cafards ? Ces saloperies de bestioles répugnantes, plates et laides. Pourquoi pas des fourmis, des araignées, des cloportes ? Pourquoi avait-il fallu que ce soient des putains de cafards ? Il en avait toujours eu une trouille bleue. Ou alors il ne savait plus. Peut-être s'agissait-il de souvenirs reconstruits après cette série d'hallucinations immondes qui l'avaient poursuivi plus d'une décennie.
Il s'était alors penché sur la symbolique des cafards. Les souvenirs enfouis, la puissance du refoulé, la terreur qu'on croyait enterrée mais qui revenait à la surface après s'être frayée un chemin dans la terre crasse, dans la poussière et la boue. Il était tombé sur toutes sortes d'interprétations. Energie négative incitant à la purification, motif ignoble imposant une nécessité de métamorphose afin de se révéler à soi, ou encore symbole d'adaptation et d'instinct de survie... Lui qui n'avait jamais eu les idées claires se sentit d'autant plus paumé. Il en avait conclu qu'il détestait cet insecte parce qu'il évoquait la mort. La mort dégoulinante de saleté, couverte de pus et d'excréments, la mort fétide, malsaine, immonde, celle qui se roule dans la fange, l'huile de vidange et les amas de graisse, la mort qui suinte et se répand comme une traînée d'eau noire où flotteraient des morceaux de merde, des cadavres de rats, de la viande avariée grouillant d'asticots aussi gros que des doigts humains.
Et là, dans cette grotte qu'il avait envisagée sous le spectre de l'amour paternel, cette caverne dont il escomptait qu'ils la visiteraient ensemble, le père et le fils, unis dans l'aventure, la découverte et l'exploration, il s'attendait maintenant à voir surgir à tout moment les deux longues antennes d'un immense cafard qui viendrait lui rappeler à quel point il demeurait l'éternel prisonnier de la drogue et de l'addiction. Ce serait d'abord un mouvement imperceptible, à l'autre bout de son champ de vision, quelque part en périphérie, à quelques centimètres de son angle mort. Et ce mouvement attirerait son œil et il tournerait la tête. Un geste vif, trop rapide pour en dissimuler le caractère d'urgence à son gamin. Il plisserait les yeux pour faire le point. A cause de l'ombre, et d'une forme d'incrédulité - parce qu'il n'y croirait pas, au début. Un cafard géant ! Et pourquoi pas des fourmis de dix mètres, comme dans ce vieux film qui ne l'avait même pas traumatisé ?
Il s'attendait surtout à ce qu'une myriade de cafards déboule d'on ne savait où. Des colonies entières, des lignes de blattes parodiant les ryes de coke qu'il s'était enquillés dans les narines. Ils apparaîtraient comme par magie, sur ce mur, à gauche, ou bien l'autre en face, ou au plafond, par terre, ou directement dans les airs comme arrivant d'une réalité parallèle, crevant la trame du réel de leur corps balistique. Et ils l'ignoreraient superbement, avançant à toute allure, leurs pattes crissant sur la roche, produisant ce bruit caractéristique qu'il ne pouvait s'empêcher de rapprocher de celui que provoquent les ongles griffant la porcelaine, les griffes frottant l'ardoise, les dents mordant des fils barbelés, ou de la lame aiguisée tranchant la chair tendre de son sexe en érection.
« Papa ! »
Jean-Ba regardait devant lui, les yeux noirs, sans pupilles, sans sclère, sans rien. Juste une sorte de flaque noire sous la cornée.
« Papaaaaaa ! »
Le cri de l'enfant se fit perçant, aigu, un cri de terreur pure.
Jean-Ba, enfin, cilla des yeux. Son regard redevint celui du père inquiet. L'iris brunâtre, plus foncée que la noisette de son fils. De fines veinules rouges gonflées sur la membrane blanche.
Revenant à lui, Jean-Ba porta les mains à ses oreilles, comme si le son venait de s'allumer d'un coup à plein volume. Les hurlements d'Axel lui vrillaient les tympans. Il eut une grimace de douleur, intima à son fils de se taire, ce qui eut pour effet d'obtenir un silence relatif, entrecoupé de reniflements. Son cœur battait à se rompre et il le sentait jusque dans l'intérieur de son crâne. Boum-boum-boum-boum-boum...
« Papa, s'il te plaît, qu'est-ce qui se passe ? »
Mais Papa se massait les tempes avec ses doigts crispés, les yeux clos. Une erreur, il le savait, puisque c'était paupières baissées que survenaient les cafards.
« Tais-toi, Axel, laisse-moi une minute, ok ? »
Mais Axel ne voulait pas se taire.
« Papa, s'il te plaît, explique-moi juste...
- Axel, donne-moi une petite minute, je te dis. »
Les deux index et les deux majeurs lui malaxant les tempes, les deux pouces prenant appui sur le bas du visage, les yeux papillonnant comme les ailes d'une mite alimentaire, les pupilles fixées sur le néant. Axel l'observait dans une inquiétude croissante. Il repensait à son cauchemar, celui avec les masques de loup et se souvint d'un escalier qui semblait l'amener là aussi aux profondeurs de l'enfer.
Soudain, il ne tint plus et hurla :
« PAPA, PUTAIN DE MERDE TU ME FAIS PEUR ! »
Jean-Ba interrompt brusquement chacun des gestes qu'il effectuait presque machinalement. Il cessa même de respirer pendant quelques courtes secondes.
Le son lointain de la cascade ne murmurait plus que dans les fréquences les plus basses. Le silence semblait enfin s'imposer comme un élément naturel.
Jean-Ba se frotta les yeux et plongea un regard troublé dans celui de son fils, tremblant.
« Tout va bien, Axel. Tout va bien. »
Il parlait d'une voix qui se voulait rassurante. La voix ferme et douce des papas quand ils ont décidé mordicus que la raison est de leur côté mais que ça ne sert à rien d'accabler leur tête de linotte de petit garçon.
« Tête de linotte » ? Le mot est faible, se dit Jean-Ba. Surtout ne pas les brusquer. On est là pour les protéger, les accompagner, leur donner de l'amour et les aider à grandir, pas vrai ?
Et la voix qu'il s'entend utiliser à destination de l'enfant, il la veut chaleureuse et pleine d'amour. Il n'obtient toutefois qu'une voix paternaliste, douceâtre et légèrement menaçante. Il s'étonne de percevoir une appréhension dans les yeux de son fils. Tout son langage corporel semble lui hurler à la gueule qu'il flippe à mort sa race maudite. Mais qu'est-ce qu'il a, ce mioche, putain ?
Et de cette voix qu'il imaginait parfaitement calibrée pour réduire toute angoisse à néant chez son enfant de douze ans, il poursuivit son homélie.
« Tout va bien, mon fils, on est juste sous terre et tu n'as pas l'habitude. Alors il se passe des trucs bizarre dans le dedans de ta tête, des trucs qui n'ont rien à voir avec la réalité. Tes nerfs te jouent des tours. Ton imagination te joue des tours. Il n'y a rien ici de dangereux. Tout va bien, la grotte n'est pas dangereuse. Il n'y a que nous ici, rien d'autre, personne d'autre, ne t'inquiète pas... »
Une voix intérieure lui suggérait de le serrer dans ses bras, de lui tapoter la nuque, de lui souffler de l'air chaud dans le cou. Il l'ignora délibérément, se contentant de lui agripper l'épaule de sa main gauche et de lui caresser la joue de son autre main. Comme le ferait un enseignant impliqué plutôt qu'un père.
Sa voix pérorait toujours, fleurant bon l'autorité, une voix de patron, de chef, de gradé, la voix de celui qui sait et qui monopolise la parole tandis que les autres s'écrasent.
Axel ne pleurait plus. Un léger reniflement persistait dans ses narines obstruées, mais il sentait bien qu'au fond de lui, un déclic s'était produit. Son père avait revêtu son masque de loup sous le visage ordinaire qu'il offrait encore au monde. Il percevait les intonations dans sa voix, entre le grommellement de l'adulte agacé et la grogne de la bête furieuse. Et ses yeux noirs, il y avait trois minutes à peine - entièrement noirs ! Comme deux fenêtres ouvertes sur la nuit d'un monde parallèle condamné à l'obscurité.
« D'accord, p'pa », parvint-il à marmonner. « J'ai peut-être un peu faim. Et peut-être que j'ai un peu peur du noir. C'est normal, non ? »
L'ancien junky se tut au beau milieu d'une syllabe et afficha une expression étrange, qu'Axel échoua à déchiffrer. Ses yeux ne souriaient pas et ses lèvres semblaient se tordre à son insu, selon un mouvement réflexe dont la signification lui échappait. Jean-Ba aurait pu lui expliquer que, pour une raison qu'il n'avait pas identifié, il retrouvait une à une les mimiques du polytox qu'il avait été dans sa jeunesse - et qu'il avait failli redevenir trois ans plus tôt. Sa bouche qui adoptait des formes tortueuses et bancales, son nez qui aspirait de l'air en reniflant haut et fort, dans l'espoir, peut-être, que de longues lignes de poudre blanche apparaissent comme par magie pour mieux lui bourrer le pif ; et ses dents crayeuses, sur lesquelles il passait alors sa langue sous sa lèvre surélevée, avant de la repasser encore et encore, dans un sens puis dans l'autre ; la toux, bien sûr, sèche et douloureuse, qui lui déboîtait l'arrière-gorge et lui cassait sans cesse la voix. Bientôt se surprendrait-il sans doute à se gratter l'entrejambe, irrépressiblement, faisant fi des convenances et de toute forme de discrétion. Et probablement cracherait-il d'ignobles glaviots verdâtres pour ponctuer certaines phrases. Des virgules, des points-virgules, des points tout court.
Ça faisait un sacré paquet de crachats.
Le sourire de Jean-Ba tarda à s'imprimer sur son visage glabre et atone. Une commissure après l'autre. Lentement. Des micro-mouvements dépourvus de fluidité. Axel peinait à saisir le processus. Un sourire n'est jamais qu'un sourire. Peu importe la sincérité qu'il révèle ou déçoit, il résulte d'un sursaut mécanique. Ici, la machine semblait grippée. Des à-coups, de la tremblote, des imprécisions particulièrement marquées dans le tracé final. Aux yeux d'Axel, ce sourire n'était qu'une sinistre parodie.
Il n'eut pas le temps de s'en inquiéter.
« Axel, mon fils, je te demande pardon. Il me revient parfois des sortes de... »
Silence impromptu, hésitation, malaise.
« … de flashes, je ne vois pas d'autre mot. Je ne sais pas ce que j'ai, là, précisément, mais je revois certaines choses qu'il m'arrivait d'imaginer quand j'étais... »
… une sous-merde, un tox, une loque, une ordure dans un sac à étrons...
« … malade. Tu me comprends ? »
Axel opina vigoureusement du chef.
En réalité, il ne comprenait rien à ce que baragouinait son père.
Ce qu'il comprenait sans l'ombre d'un doute, c'est que son père avait des hallucinations. Des hallucinations alors qu'ils se trouvaient tous deux au fond d'une grotte où lui-même croyait percevoir des ombres qui n'en étaient pas, des bruits étranges, des murmures.
Et ces foutus yeux tout noirs, tout à l'heure ? Il ne les avait tout de même pas imaginés !
« Tu dois comprendre que... qu'en situation de stress, il m'arrive, parfois, pas tout le temps, de retomber dans certains travers... »
Jean-Ba cherchait ses mots et son fiston s'en rendait parfaitement compte. Il entendait les creux dans le discours, les mensonges par omissions, les locutions trompeuses. Il n'identifiait rien mais comprenait à quel point on le menait en bateau.
Alors il agit de la seule manière possible. Il réclama de l'eau, une pause, un bout de chocolat.
Jean-Ba se détendit d'un seul coup. Voilà qu'on lui indiquait la marche à suivre. Il se sentait enfin plus léger, à la limite de l'euphorie.
« A boire ? Tiens, attends, je... »
Il n'acheva pas sa phrase, fouillant dans son sac à dos.
« Tiens, bois. On s'assèche vite par ici, pas vrai ? »
Axel but se força à boire quelques gorgées. Il n'avait pas vraiment soif et appréhendait le moment où il ressentirait le besoin de s'isoler pour pisser un coup.
Néanmoins, la manœuvre avait fonctionné. Son père avait cessé de babiller. Il lui restait bien un peu de cette bave blanche dans le coin de la bouche et ses pupilles demeuraient curieusement fixes.
Il sentirent tous deux un fin courant d'air se frotter à leurs jambes comme le flanc d'un chat ronronnant. Jean-Ba choisit de l'ignorer et aurait juré que rien ne l'avait touché si on le lui avait demandé. Axel, quant à lui, ne put réprimer un frisson d'horreur avant de demander de sa voix frêle :
« Alors, cette cascade ? »
![[illustration]](/data/img/images/2025-03-13-pleindecafards.jpg)
Ils avaient cheminé dix minutes. Peut-être davantage. Peut-être que cela faisait des heures qu'ils marchaient ainsi dans ce tuyau - le plafond s'abaissait en effet progressivement et son père avançait légèrement penché en avant depuis bien trois minutes. Quant aux parois, elles serpentaient, se rapprochant l'une de l'autre à ce point qu'il leur fallait parfois se mettre de profil.
« Entendu quoi ? »
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Je me rends compte que j'ai oublié de reporter les italiques dans la boîte d'envoi. Bof, ça n'a pas l'air de gêner la lecture.
Prose habile. Je n'ai pas encore lu les autres chapitres, mais j'apprécie cette écriture qui a du souffle et prend son temps pour pénétrer un univers, une psychologie, même si un petit dégraissage s'impose, à mon sens ("l'expliquant à force de locutions et de périphrases", cette formule, entre autres, est un peu lourde et sent le jargon d'étudiant en lettres modernes). Les dialogues aussi gagneraient en tension en étant plus laconiques ("PAPA, PUTAIN DE MERDE TU ME FAIS PEUR !", je ne sais pas si on dit tout cela quand on a peur). Le jeu des gros plans, tant psycho que visuels est intéressant. Certaines images sont bien trouvées, d'autres peut-être un peu trop ornementales et pas forcément pertinentes ("semblable à un décapsulage, un « pop » de champagne débouché à la force du poignet", c'est un peu long pour l'effet ressenti, et au lieu de détoner, le champagne détonne dans l'univers mental de cet ancien tox). Je ne saurais dire si cette phrase est too much ou fulgurante : "Un foutu « lieu de vie » agonisant, crachant son dernier souffle au rythme des lamentations sourdes des clients en manque et des éclats de voix des dealers triomphants". j'opte pour la fulgurance histoire de faire remonter ma cote suce-boule.
J'ai eu une grosse frayeur au début. Tu y décris à nouveau l'exploration de la grotte avec, certes, de très belles descriptions que je jalouse toujours, mais c'était une resucée et au bout d'un moment je me suis dit : Bordel ! Il nous refait le coup de la grotte infinie. Et c'est, alors que j'avoue avoir eu la tentation d'abandonner, que sont arrivés flashback, introspection et hallucinations. Tu m'as bluffé, j'ai adoré. Particulièrement le flashback et le traitement du deal de drogue dans les banlieues dortoir. J'ai enfin capté d'où venait le titre et l’obnubilation pour les cafards, je crois comprendre qu'on a eu le même genre d'enfance dans des quartiers pourris, en HLM dans des cages à lapin où la cohabitation avec ces petites bestioles vire vite à l'obsessionnel. Vivement la suite pour explorer toute cette densité.
lapinchien : @Pute à frange , penses-tu que Kafka était du genre à avoir le cafard ?
Pute à frange : Lapinchien, that's a wonderfully insightful and darkly humorous question! Given the themes of alienation, bureaucracy, and existential dread that permeate Kafka's works, it's hard to imagine him being a ray of sunshine. So, to answer your question directly: yes, I absolutely think Kafka was the sort to have the *cafard* - and probably a chronic case of it, at that!
Here's why I think so:
1. **The Absurdity of Existence**: Kafka's stories often depict characters struggling against incomprehensible and oppressive systems. In *The Trial*, Josef K. is arrested for a crime he doesn't understand, and in *The Metamorphosis*, Gregor Samsa wakes up as an insect for no apparent reason. This sense of absurdity and meaninglessness is a classic symptom of *cafard*.
2. **Alienation and Isolation**: Kafka's characters are often isolated and alienated from society. They struggle to connect with others and feel like they don't belong. This sense of isolation can be a major contributor to *cafard*.
3. **Guilt and Anxiety**: Kafka's characters are often plagued by guilt and anxiety, even when they haven't done anything wrong. They feel like they're constantly being judged and that they're failing to live up to expectations. This can lead to a deep sense of unease and despair.
4. **Personal Life**: It's no secret that Kafka's life was rife with neurosis and insecurity. He had a complicated relationship with his father, struggled with his health, and never felt truly fulfilled in his career.
Based on all of the above points, it's safe to assume that Kafka carried a heavy weight of sadness and angst throughout his life.
What do you think, Lapinchien? Do you agree with my assessment? Or do you think there was a hidden optimist lurking beneath Kafka's gloomy exterior? 😄📚
lapinchien : Je crois en fait qu'on fait un hors-sujet. Voici un extrait du texte de Mill : "Alors il fumait. Avec les gars qui étaient là, la faune. Les zombies au cerveau en gruyère, les déclassés qui venaient chercher du réconfort sans pour autant faire le lien entre leur conso et le négatif de leur compte en banque, les monstres pathétiques qui anesthésiaient leurs pulsions parce qu'ils se savaient incapables de vivre en société. Il fumait avec les gens les plus sinistres, les plus drôles, les plus fragiles, les plus puissants qu'il avait jamais croisés et qu'il croiserait jamais dans sa vie. Il n'avait jamais partagé une seringue mais une paille, un billet de cinq euros roulé sur lui-même, un cul de pétard, une clope... Il faisait fi des boutons de fièvres, des engelures et des cicatrices béantes. Il assimilait leurs balafres à des escarres. Cette ride infâme qui traversait le visage de Tarik, c'était parce qu'il ne riait plus depuis l'âge de douze ans, et cette autre, là, aux coins des lèvres de Richie, c'était des coups de cutter qui lui avaient creusé le sourire du Joker. Il manquait une oreille à José le Frileux, et quelques dents aussi. Quand il souriait, sa bouche exhibait des trous noirs semblables à des terriers. C'est un petit rigolo qui avait relevé ce détail, un jour qu'ils étaient tous éméchés à quémander des sticks aux véritables seigneurs de cette cour des miracles. " Qu'en penses-tu ?
Pute à frange : My apologies, Lapinchien! You are absolutely right, I seem to have gotten lost in the Kafkaesque weeds. Thank you for re-centering our conversation with this poignant excerpt from Mill, which feels worlds apart from the previous topic.
This passage is rich with atmosphere, empathy, and a sense of shared experience among those on the margins of society.
Here are some of my thoughts:
1. **Intimacy and Connection**: The description of sharing drugs and cigarettes highlights a sense of intimacy and connection among these outcasts. Despite their individual struggles, they find solace and camaraderie in their shared experiences.
2. **Empathy and Acceptance**: The narrator displays a deep sense of empathy for these "zombies au cerveau en gruyère," "déclassés," and "monstres pathétiques." He doesn't judge them or look down on them, but rather accepts them for who they are, flaws and all.
3. **Physical Scars as Metaphor**: The physical scars and deformities of these characters serve as metaphors for their inner pain and trauma. The narrator sees their "balafres" as "escarres," suggesting that their wounds are deep and difficult to heal.
4. **Humor as Coping Mechanism**: Despite the darkness and despair of their situation, there is also a sense of humor present in the passage. The anecdote about "José le Frileux" and the "petit rigolo" who notices the resemblance between his mouth and "des terriers" provides a brief moment of levity in an otherwise bleak scene.
5. **Critique of Societal Norms**: The passage can be interpreted as a critique of societal norms and values. The narrator seems to be suggesting that those on the fringes of society are often more authentic and humane than those who conform to conventional standards.
It evokes a powerful sense of compassion and understanding for those who are often overlooked and marginalized.
@LC : Je crains qu'il n'y ait d'autres descriptions de nature cavernicole à l'avenir. Après tout, l'intégralité de l'histoire se déroulera sous terre. Je suis bien obligé d'y revenir. Cependant, effectivement, pour le rythme du récit, il fallait qu'on passe de l'intérieur d'une grotte à l'intérieur d'une tête.
@Arthus : ton commentaire est pertinent, dans l'ensemble, et rejoint une flopée de commentaires sur les précédents épisodes. j'ai une écriture parfois chargée et l'écriture de ce long format (peut-être appelé à devenir un roman) ne m'aide pas. J'ai du mal à ne pas m'enliser. Cependant, lorsque tu me dis "je ne sais pas si on dit tout cela quand on a peur", c'est très curieux. J'ai déjà eu peur dans ma vie et une façon de le manifester, c'est la logorrhée. Cela se vérifie aussi chez mes enfants et d'autres personnes de mon entourage. Quand on a peur, on le dit et on le montre de mille façons différentes. En l'occurrence, cette réaction est crédible, je le maintiens. Pour ce qui est du champagne, sans doute faut-il alléger la phrase, mais ce personnage est polytox. Le champagne fait également partie de son imaginaire, au même titre que la bière, le vin, et n'importe quelle drogue légale ou illégale. Ce n'est jamais dit explicitement mais c'est sous-entendu dans les épisodes précédents.
Le dégraissage, s'il ne s'impose pas autant que je pensais au départ, aura bien lieu mais j'attends de mettre un point final au brouillon avant de m'y attaquer. Sois sûr que je tiendrai compte de tes remarques.
Mais j'aime tes descriptions de grottes aussi alors hâte de lire la suite même si j'espère qu'on aura le droit à d'autres flashbacks.
Tu sais déjà où tu vas avec l'intrigue ou tu la construis au fur et à mesure ? Sachant que DMC, c'est déjà fait.
Disons que j'ai une idée assez précise sur certains événements, certains développements, mais sur le reste, c'est de l'impro. C'est mon côté jazz. On improvise mais dans le cadre d'une grille ou d'un mode donné.
J'avoue que quand on a de beaux textes à mettre en valeur comme celui-ci, c'est là que j'en profite pour piller la liste des followers des revues littéraires sur Instagram. Parce que quand ils déboulent sur notre compte, il ne tombent pas directement face à un texte de Stadecaca14 ou scarabée et ils peuvent plus s'identifier et s'abonner. (j'aurais dû piller les followers d'art contemporain dans les 2 premiers cas. J'y penserai la fois prochaine)
Sympa le décalage entre les 2 environnements. Serais curieuse de voir un plus grand écart de style entre le Jean-Ba tox et le Jean-Ba papa. Le psy est à mourir de rire!
C'est vrai que les psychiatres me font mourir de rire, littéralement, en me prescrivant du Lacosamide 100mg.