Je me sens collante. Je touche mon ventre. Je suis gluante. je ne comprends pas. En
pressant ma peau, la sensation est complètement différente. Elle est rêche et fibreuse.
Cette odeur devient pénétrante et insupportable.
Je suis divorcée, la cinquantaine bien passée, je cherche à refaire ma vie. Enfin j’essaie, je
fais ce que je peux. Je sais bien que c’est impossible, mais j’aimerai trouver un peu
d’amour, un peu de tendresse. Je peux pas aller vite. J’ai besoin de temps pour
comprendre, assimiler et contempler.
Au bar, le tôlier demande si nous sommes ensemble avec le type à coté de moi. Je
réponds au tac au tac, non, pas encore. J’aime bien faire de l’esprit à quatre balles. C’est
ma façon à moi de me la tirer dans le pied. A l’inverse, quand il s’agit de répondre à une
question faisant appel à mon intelligence, je reste sans voix, dumb.
Je me sens plaquée dans mon lit. Je n’arrive pas a bouger. Et toujours cette odeur à
gerber. J’arrive même pas à ouvrir les yeux. Je n’en ai pas envie.
Finalement le batteur range ses baguettes laissant la musique pénétrer mon âme. Mes
bras se déploient et forment des cercles dans l’espace. Tout mon corps transforme les
ondes reçues en mouvement. Je ne suis plus qu’un pantin dominé par l’harmonie
musicale.
Comme dans cendrillon, minuit arrive, faut arrêter la musique. Je parle avec le type. On
échange sur les tenanciers de bar morts. Vraiment choquée d’apprendre que le sauveur
est parti avec son cancer dans le firmament. Je te sanctifie mec.
Je sens que quelque chose à changé dans mon corps. Je suis incapable de me lever.
Toujours cette puanteur. Je ne veux pas ouvrir les yeux. Je ne veux pas affronter le réel.
Rester allongée, essayer de me rendormir, fuir. De toute façon, c’est ce que j’ai fait le plus
dans ma vie. M’aplatir, suivre comme un petit chien, relever la croupe quand le maître
l’ordonnait et fuir toute réalité. Je me suis toujours sentie moins d’importance qu’une
merde.
Avec le type, un espoir d’avoir quelques tendresses poindre dans mon esprit. Et puis il
balance : « J’approche la soixantaine, ma vie a été bien remplie, j’ai vécu de super choses
et je n’ai plus besoin d’en vivre d’autres. »
Cette claque dans la gueule me fait l’effet d’un électrochoc. Ma réalité m’a rattrapée.
J’ouvre les yeux et horrifiée, je vois que je me suis métamorphosée en une vielle serpillière
puante et dégueulasse.
LA ZONE -
![[illustration]](/data/img/images/2025-06-02-serpillere-big.jpg)
est moite, trempée. j’ai transpiré dans mon sommeil plus que d’habitude. Je n’ai pourtant
pas bu d’alcool hier soir. Je suis sortie, je suis allé voir un concert dans un petit bar
d’Aubervilliers. Plus tôt dans l’après midi, j’avais visité les serres d’Auteuil dans le 16ème.
Un batteur frustré cogne ses baguettes contre le zinc bousillant le set de l’artiste invité.
Deux jardiniers méprisants rabattent mes questions enthousiastes. Aubervilliers-Pantin
Quatre chemins, Michel-Ange-Molitor, mêmes crevards.
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ce texte, que je trouve bien écrit, passe l'éponge sur la première contribution.
Ca reste léger à mon sens. On frise toujours avec la ligne éditoriale. Les images pourraient être plus subtiles : "Comme dans cendrillon, minuit arrive". Un peu plus de niaque quoi. Allez corinne, pose tes couilles sur la table merde !
Oh, merci pour les commentaires ! A priori, le prochain texte en préparation sera bien trash. Bon, enfin on verra... Aussi faut savoir que jusqu'à la, j'écrivais de la poésie.... Je découvre la narration avec grande stimulation. Salut 👋
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(C’est la première fois que je descends pas un texte).