machine
café-bouffe
tic tac
le regard clignote
pas de place pour le pas mais je glisse quand même
glisse glisse sur la peau des secondes mouillées
c’est mouillé parce que ça sert à rien, hein ?
bip bip bip bip silence qui fait du bruit comme un chat mort
t’es là ou pas ?
j’attends que ça pète mais ça pète pas alors je parle tout seul
— personne répond —
personne a rien entendu sauf le vent qui ricane dans la tête
toujours la même boucle
boucle boucle boucle — tu sais pas où est la sortie
mais la sortie c’est qu’une idée
et les idées c’est pour les gens qui ont trop dormi
moi j’ai mal dormi mal réveillé mal foutu mal foutu
le clavier crisse sous les doigts trop lents trop raides trop
punaise mais pourquoi j’écris ça — ça sert à quoi ?
à rien, bien sûr, mais faut bien vomir quelque chose
le vomi c’est liquide mais les mots c’est pâteux et ça colle aux dents
je râle j’éclate je gueule dans la poche du temps
rien ne bouge
rien ne bouge mais ça bouge dans la tête
ça tourne ça dérape ça glougloute
un poisson mort dans l’aquarium vide du sens
tu souris ? pas moi
pas envie de sourire
je cherche la raison dans un frigo vide
mais il est vide
donc y a rien
rien de rien
alors je mets des mots
des mots qui explosent en miettes
qui éclaboussent la page comme des débris de folie
et toi là-bas, lecteur ou pas lecteur,
tu sais quoi ?
ça marche pas mais ça marche quand même
Le bitume se liquéfie dans ma tête, CHHH… Un tic tac d’horloge cassée, et tout s’étale en vrilles. J’entends des voix comme des mouettes piquées au béton. Elles ricanent, elles grondent : BOUM, CRAC, un marteau qui fracasse ma cervelle de l’autre côté du mur.
Mes pensées sont des fragments éparpillés : un chat rouge qui fait un numéro de bilboquet entre mes neurones, une main d’enfant qui fait zigzag dans l’air, attrape ma colère.
Je hurle AAAAAAAA mais personne n’entend rien, même pas la goutte d’eau qui me file au nez, même pas la sirène d’ambulance qui s’éloigne en miaulant. Je m’effiloche comme un vieux rideau arraché, je pars en lambeaux, mon cerveau rebondit sur les parois sombres, tchac-tchac me frappe le silence.
OÙ SUIS-JE ? On dirait qu’un polaroid de la nuit est resté coincé, le flash crache du bleu électrique, et moi je suis là, coincé sur la pellicule. Sérotonine en grève, dopamine en vacances, putain je suis un hamster qui court sans roue dans un appartement vide. PING ! Un flash nauséeux.
Mes souvenirs se prennent pour des nuages : ils changent de forme sans prévenir. Ma propre voix me joue des tours, elle chuchote des mensonges sensés : « Tout est normal », dit-elle. Oups. Le miroir renvoie une tronche hors service, un visage à vendre, réparez cette gueule.
Je décroche les sons comme des tomates pourries : « GRRRRR, l’autoroute chantante me crache de la confiture de plomb dans les oreilles », crie mon autre moi. Il saute, réagit, fait le rapace sur une poubelle d’étoiles filantes.
Peut-être que le monde est fou, ou que c’est moi qui suis trop lucide ? Une pinte de poussière dans chaque pas, je titube dans les ruines d’un discours oublié. Je sens des bulles d’air piquer mes poumons ; pfff pfff, ce sont mes idées qui s’évaporent.
Et parfois j’oublie que je ne suis qu’un passant : le trottoir me parle en morse, la lune fait du vélo sans guidon, les lampadaires dansent la gigue, mon ombre me chuchote des dictées incohérentes.
C’est débile, je sais, mais tout a un goût de briques, de corde éraflante, de reflet brisé dans un bassin d’huile usée. La folie souffle comme un chien invisible qui hurle quand je cligne des yeux : …AAAAAAAH…, ultime expir, fractale.
Je reprends une gorgée de nuit, crache un nuage orange de rage. Mon esprit se bouscule, en vrac, dans un manège abandonné : à chaque tour, un rire grinçant me perce le crâne, un feutre à rayures, un plink sur une peau à vif.
COUCOU, me dis-je. Encore là, ou plus trop ? Je m’en fiche, j’ai les oreilles tapissées de craie, les murs ont des poches où s’égouttent mes souvenirs.
Demain ? Je squatte déjà quelque part dans la fissure du temps.
![[illustration]](/data/img/images/2025-10-03-marche-big.jpg)
Ça s’agite sans raison claire, ça cherche, ça se perd, ça revient en arrière, puis repart ailleurs. Pas de logique, juste une danse bancale, des morceaux qui veulent dire quelque chose, ou rien du tout.
Faut lâcher prise, laisser tomber, laisser faire. Accrocher ce qui traîne, sentir le mouvement, le désordre qui tient malgré tout. C’est pas net, c’est pas lisse, mais ça vit. Voilà.
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Génial, comm d'hab. Caz ferait un excellent concepteur-rédacteur publicitaire tant son esprit vagabond fait preuve de trouvailles plus originales les unes que les autres.
Ça glisse, ça dérape, les mots s’effilochent.
Un « clac » sec surprend dans la tête.
Les phrases éclatent, se décalent, s’entrechoquent.
Un poisson mort dans l’aquarium vide du sens.
Un polaroid coincé, flash bleu électrique.
Mon cerveau rebondit sur les parois sombres.
Je crache un nuage orange de rage.
La lune fait du vélo sans guidon.
Les lampadaires dansent la gigue.
Mon ombre me dicte des absurdités.
Et moi, hamster sans roue,
je cours dans un appartement vide.
Tout explose, tout s’effiloche,
mais je mets des mots quand même.
C'est inspirant, n'est-ce pas ?
Oui
Et non
C'est un peu agaçant aussi 😂