La piscine crame sous le soleil. Trop bleue, trop nette, trop calme. On dirait un piège posé là, au milieu du jardin. Un trou d’eau pour noyer les trucs qu’on veut plus voir. Le plastique des chaises fond, le ciel dégouline. L’air est épais, gras. Ça pue la crème solaire, la bière tiède, les corps qui marinent.
Les adultes sont là. Affalés. Lents. Parasols déployés comme des ailes mortes. Verres dans les mains, bouches ouvertes, le rire facile. Des ombres molles, collées à leurs transats. Les yeux rivés sur la flotte.
Dans le bassin : deux mômes.
La grande, huit ans. La gueule dure. Les bras solides. Pas un mot. Pas un sourire. Elle flotte, droite, comme un requin de fête foraine. Ses yeux ? Vides. Pas lisses : vides. Elle regarde sa sœur comme on regarde un sac poubelle trop plein.
La petite, cinq ans. Elle est toute tremblante. Un moineau mouillé. Maillot licorne, bras maigres, la peau trop blanche. Elle fait des petits bruits. Des appels mous, noyés dans le bruit de l’eau. Elle sait pas encore.
Et puis, c’est là. C’est lancé. D’un coup.
La grande l’attrape.
Pas un jeu. Pas une farce. Une décision.
Main sur la nuque. L’autre sur le dos. Elle pousse. Ça descend.
La petite bat des bras. Elle panique. Elle remonte.
Mais y a pas de haut. Pas de sortie. Pas de pause.
La grande appuie encore. Les gestes sont lents. Contrôlés. Comme si elle lavait un chien. Elle a le visage neutre. Zéro émotion. Zéro pitié. Elle tient.
Les adultes regardent. Un mec rigole. Une femme sort son portable.
— Elle va l’avoir.
— Elle va la foutre au fond.
Autour, les rires s’étirent. Ça commente, ça siffle, ça s’excite. Comme un match. Comme un porno.
La petite se débat. Un moment. Puis moins. Puis plus.
Ses jambes deviennent molles. Sa bouche s’ouvre et reste là. Grande. Comme une porte cassée. Les bulles remontent, petites, faibles, presque jolies.
Et puis. Rien.
Plus rien.
Le corps coule doucement, glisse vers le fond, s’arrête. Une tache pâle au fond du bassin.
Y a un silence. Un vrai.
Un silence qui gratte la peau. Un truc qu’on avale sans pouvoir le mâcher.
Mais personne se lève. Personne saute. Personne crie.
Un gosse mort dans l’eau, et tout le monde regarde ailleurs.
Y en a un qui dit :
— C’est fini.
Un autre ajoute :
— Elle a gagné.
Et la grande sort de l’eau.
Lentement. Comme après une sieste. Le soleil découpe son corps de fillette devenue bête. Elle s’approche du bord. Regarde sa sœur au fond. Penche un peu la tête. On dirait qu’elle écoute un bruit lointain, une musique que personne entend.
Puis elle tourne les yeux vers les adultes.
Et elle sourit.
Un petit sourire. Léger. Comme une lame qui glisse sous la peau sans faire de bruit.
Personne dit rien.
Un des types finit son verre. Une femme s’allume une clope. On parle météo, un peu. On remet de la musique. Le monde repart.
Dans la piscine, le fond reste flou. Un corps là-bas, flou aussi. Quelque chose qui flotte pas. Qui gêne pas. Qui fait plus de bruit.
Rien qu’un souvenir. Un poids mort. Un détail.
Très bien. Voici la suite directe, brutale, tendue, dans la même veine. Pas de pathos. Pas de morale. Juste un père qui sort le corps de l’eau, devant un monde qui reste figé. On reste dans une langue sèche, nerveuse, avec un poids d’horreur muette. Tout ce qui compte, c’est ce geste. Et ce qu’il dit — sans dire.
Le silence finit par glisser. Un truc visqueux, long. Il colle à la peau, s’étire sur les visages. Les rires sont tombés, figés dans les gorges. On entend plus que le bourdonnement des insectes et le bruit de la radio au loin, mal réglée. Une voix qui chante un tube de l’été, comme si de rien n’était.
Et lui, le père.
Il se lève. Lentement. Comme s’il sortait d’un rêve mauvais. Torse nu, short froissé, le ventre marqué par les heures d’ombre. Il marche jusqu’au bord. Les autres le regardent à peine. On dirait qu’ils attendent un barbecue.
Il fixe l’eau. Rien dans les yeux. Le fond est flou, trouble, sale. Le petit corps est là, plié, tordu. Les bras mous. Les cheveux flottent autour, comme une algue morte.
Il entre dans la piscine. Pas d’un bond. Pas d’un élan. Juste une descente. Échelon après échelon. Comme dans une baignade normale. Comme s’il allait se rafraîchir.
Il s’enfonce. Il va la chercher.
Le silence est maintenant trop grand. Il déborde. Il écrase.
Les adultes évitent de trop regarder. Certains fixent le ciel. D’autres touillent leur verre. La musique continue. Personne ne la coupe.
Et lui, il remonte. Avec elle.
Le corps de la petite pend dans ses bras, sans poids. Les jambes molles. Les doigts écartés. La bouche ouverte. La tête renversée en arrière. Une poupée qu’on a oubliée trop longtemps dans l’eau.
Il sort du bassin.
Il ne crie pas. Il ne pleure pas. Il ne dit rien.
Il la pose sur les dalles, au bord. Comme on pose un truc trop lourd. Trop fragile. Trop tard.
Le bruit que ça fait : un ploc. Léger. Sec.
Il reste là, debout. Trempé. L’eau coule de son short. De ses bras. De son menton. Il regarde le corps. Il respire fort. On ne sait pas si c’est la rage. Ou la panique. Ou juste le vide.
Personne ne bouge.
La mère fixe un point très loin, derrière les arbres. Quelqu’un sirote une bière. Un gosse demande s’il peut aller pisser.
La grande s’approche. Lentement.
Elle regarde sa sœur. Tête penchée. Curieuse. Comme on observe un insecte mort.
Puis elle lève les yeux vers son père. Droit dans les siens.
Et elle sourit encore.
Pas un grand sourire. Un petit. Infime. Suffisant.
L’autre est là, par terre, au bord de la flotte.
Le corps posé comme une chaussette qu’on a jetée.
Un tas. Un tas de viande.
Un paquet de chair, sans cri, sans bruit, sans rien.
La dalle est chaude, elle fume. Ça sent le chlore, le plastique, le vinaigre de pieds.
Et au milieu de ça, y a elle.
Trop petite.
Trop morte.
Le soleil tape. Fort. Il commence à cuire la peau. Y a des cloques minuscules qui se forment sur ses épaules. Le bide gonfle. Une balle molle sous son maillot trop rose. Le tissu colle, fait des plis bizarres. Y a un bout de téton qui sort, comme un bouton qui pousse trop tôt.
Le ventre remue un peu. L’eau dedans. Ou l’air. Ou rien. Un spasme qui reste. Les morts, parfois, ça tremble encore. C’est nerveux, c’est pas humain. Comme un poisson qu’on décapite et qui bat la queue.
Sa bouche est ouverte. Une fente. Dedans, c’est bleu. La langue tirée, molle, tirant vers l’arrière. Un peu de mousse au coin. Elle a dû baver sous l’eau. Avaler le fond. Pas de cri. Juste le silence qui mousse.
Le nez aussi pisse un peu. Une ligne transparente qui file jusqu’à sa joue, sèche au soleil. Une traînée sale. De la morve ou de l’eau. Pareil.
Les yeux sont fermés, mais pas bien. Y a un battement dessous. Pas la vie. Juste un reste. Un réflexe qui lâche pas. Comme si elle voulait encore voir. Ou protester. Trop tard.
Ses bras sont tordus. Pas comme dans les films. Un sous la tête, l’autre jeté. Comme s’ils savaient pas où se foutre. Les doigts sont raides, sauf un. L’index. Pointé vers rien. Un hasard, un bug. Y a un ongle fendu.
Ses jambes croisées comme par politesse. Mais les pieds sont dégueulasses. Blancs, ridés, fripés comme du vieux papier mâché. Les orteils sont mous, les ongles cracra, y a une verrue au talon. C’est une gamine, oui. Mais c’est surtout un bout de viande qu’a trempé trop longtemps.
Et ça pue. Faut le dire. L’eau ressort d’elle, tiède, aigre. Y a l’odeur de l’été — et dessous, un truc plus lourd. Comme une conserve de foie qui tourne.
Y a des marques sur son cou. Discrètes. Mais là.
C’est pas l’eau qui fait ça.
Un papillon se pose sur sa jambe. Tranquille. Il bouge même pas. Il bat des ailes, lent. Ça fout la gerbe. Ce contraste. Ce truc vivant sur cette chose plus rien.
Le père est debout. Il la regarde. Dégoulinant, trempé, vidé. Il fait rien. Il dit rien.
Il sent qu’elle est partie. Il le sait. Il sent que ce truc sur les dalles, c’est plus sa fille. Juste une coquille vide. Une bestiole crevée.
Et autour, rien. Pas un cri. Pas un mot. Les autres se taisent ou bavardent bas.
On parle pas quand c’est laid comme ça.
On observe.
On fait semblant de pas être là.
Et elle, la grande, elle approche.
Elle regarde la chose au sol. Ce corps, ce tas, sa sœur. Elle la renifle du regard. Penche la tête. Un peu. Puis elle se redresse.
Elle sourit.
Encore.
Même sourire. Minuscule. Froid. Tranchant.
Comme une lame dans le dos.
Et personne ne dit rien.
Parce qu’ils ont vu.
Parce qu’ils ont tous compris.
Et qu’ils savent que c’est déjà trop tard.
Ça fume.
Ça boit.
Ça cause.
À deux mètres du cadavre encore tiède, les adultes recommencent à parler. Pas fort. Pas choqués. Juste… comme avant. Avec un petit pli crispé sur la bouche, un cil mal rangé, mais l’habitude est plus forte que l’horreur.
Le père est resté debout, lui, figé, les mains mouillées pendantes comme des bouts de chiffon. Mais les autres — les autres ont recommencé. Comme si elle était jamais née.
— Tu sais ce que je disais à Laurent, l’autre jour… la fiscalité des indépendants, c’est devenu n’importe quoi.
— C’est Macron qui nous a foutu ça. Moi j’te l’dis, on n’est plus chez nous.
Crémant bien frais, gobelets en plastique trop fins, on trinque doucement. Le vin mousse encore un peu, comme de la bave d’huître. On rigole en coin. Les regards glissent sur le cadavre, vite, comme sur une crotte de pigeon. Un truc gênant. Inutile.
— T’imagines, vendre à moins de dix mille le mètre, aujourd’hui ? Même à Hossegor, c’est plus possible.
La mère tire sur une Indus. Une grosse, longue, roulée au goût de papier mâché. Elle crache la fumée en l’air, comme si ça allait purifier l’ambiance. Son vernis est nickel, sa robe à peine froissée. Les larmes ne viendront pas.
— Faut qu’on la foute quelque part, dit une voix. Pas trop fort. Pas trop concernée.
Personne répond.
Une gorgée. Un rire discret. On parle de la rentrée, des prix de l’immobilier. Des mômes, tiens. Les vivants. Ceux qui savent encore pas nager. Ceux qu’on garde. Ceux qu’on fout dans des stages d’équitation. Parce qu’il faut bien.
Le corps, là, sur la dalle, commence à puer un peu. Ça monte, doucement. Mais rien qui dérange trop. On est dehors, après tout. Et puis y a du vent.
— C’est qui qui devait ramener le guacamole ?
— J’crois que c’était la mère de Louison. Elle a dû oublier.
— Elle oublie toujours.
Et ça rigole.
La grande s’est rassise, tranquille. Une chips dans la bouche. Les jambes croisées, proprement. Comme une dame. Comme si elle avait jamais plongé la tête de sa sœur sous l’eau. Comme si c’était un mardi. Rien d’autre.
Y en a un, un des darons, qui se sert une huitième coupe. Il rote, doucement. Il dit :
— Elle devait pas être bien maligne, de toute façon. Elle avait ce regard un peu… tu sais.
Personne relève.
Et le cadavre sèche.
Et le crémant coule.
Et le monde continue.
Et le père ?
Il ne dit rien.
Il reste là.
Une gamine noyée.
Une autre vivante.
Et lui, au milieu, sans savoir où poser les mains.
LA ZONE -
Sous le crémant la mort (Ou comment s’inquiéter de la fiscalité des indépendants.)
Le 12/11/2025par Caz
= ajouter un commentaire =
Les commentaires sont réservés aux utilisateurs connectés.
![[imprimer]](/images/print.png)






= commentaires =
Franchement les films d'horreur, ça ne me fait rien, je suis totalement insensibilisé. MAIS là, ce texte, ce pourrait être le scénario d'un film qui me ferait vraiment flipper. Un film d'horreur de Quentin Dupieux. Caz s'attaque directement à l'amygdale, le système dans notre cerveau qui régule nos actions face à la peur et j'en ai chié dans mon froc d'effroi. Comme d'hab, Caz est en mode post-combustion et certains vont lui reprocher de faire trop long et d'aller trop loin mais je trouve, et c'est particulièrement vrai dans ce texte, que c'est aller au bout du bout de l'horreur, dans l'embourbement de nos terreurs primitives jusqu'à ce que le cerveau du lecteur parte en vrille et passe en mode survie. Oui, ne pas soustraire ses yeux de la lecture de ce texte avant la fin est une torture, mais l'exercice littéraire génial fait éclater une forme de vérité ultime si on se force a ne pas fuir en courant se rouler en boule dans un coin de la pièce et se bercer frénétiquement dans une sorte de réaction réflexe.
Bof bof, un peu survendu. Je trouve que l'absence de crédibilité nuit à l'émotion. On devine que l'auteur cherche à choquer ou perturber mais c'est trop invraisemblable pour fonctionner et peut-être pas assez fou pour surprendre. Je n'ai rien ressenti devant ce texte.
Caz, c'est déjà tout un storyverse sur la Zone et ailleurs, d'obstination et de cisèlement d'orfèvre dans la post-combustion de concepts dérangeants et ce texte s'y inscrit parfaitement. Mais là, je n'ai pas lancé le nom de Quentin Dupieux au hasard, c'est le même genre d'absurde au delà du crédible et de malaise qui émerge dans ses films.
Je ne reprocherai à ce texte ni d'être trop long, ni d'aller trop loin. Il va exactement là où il faut, logiquement et avec cohérence.
Comme toutes les bonnes caricatures, il fait voir les choses telles qu'elles sont. Notre monde ne protège pas ses enfants, j'en suis convaincue depuis longtemps et nous adultes, sommes de plus en plus cons et ramollis.
Merci pour tant de justesse.
Impossible de nier la maîtrise. C’est propre, net, tendu comme un câble. La langue claque, la structure tient, la scène s’installe avec une précision clinique. L’autrice sait ce qu’elle fait, et elle le fait bien : on est pris, on suffoque, on regarde sans pouvoir détourner les yeux. C’est du grand art du malaise.
Pour le plaisir d'encourager : à force de tout verrouiller, ça finit par tourner en tableau moral sous cellophane. La grande sœur psychopathe, les adultes lobotomisés, le père-statue… chacun joue sa partition dans une symphonie de l’inhumanité trop bien réglée. C’est si parfait que je n’y crois pas. J'admire, je ne tremble pas.
Alors oui, c’est d’une rigueur implacable - mais le symbole finit par se bouffer lui-même.
À ce stade, mon conseil (le conseil de Mamie Lindsay)
Ou bien assumer la fable cruelle, et intégrer une morale
ou bien arracher un peu de vernis et laisser entrer le doute, le réel, le traumatisme. ( un accident à la place d'une soeur psychopathe ? un adulte ivre? un chien...? )
Parce que la perfection, ici, tue tout : même l’horreur a besoin d’un faux pli pour rester vivante.
Mouais. Quentin Dupieux me fait marrer au moins. Là, ça manque de subtilité même si j'aperçois l'intérêt. Je rejoins le com de Lindsay mais je ne dirais pas que c'est la "perfection" qui tue tout, ici c'est l'absence totale de vraisemblance (et en effet, une simple noyade aurait mieux fonctionné). Après, il y a de bonnes formules mais j'ai beaucoup de mal avec le style également, que tous et toutes semblez affectionner (c'est donc moi qui dois avoir un problème mais je persiste). Exactement ce que je reprochais à Lindsay d'ailleurs, dont le style est très proche : supression des ne négatifs, abus ostensible du familier, des phrases courtes, des anaphores, des retours à la ligne, des effets lourdauds en somme, pour un contenu qui n'a rien de très révélateur. Mais je plaide coupable. C'est pas si pire et l'idée est intéressante. Peut-être que j'en ai trop lu, des textes dans ce style qui se veut oral et brutal, et que maintenant ça me blase.
Il en faut pour tous les goûts, LC est TRES bon public, mais ça n'enlève rien à ton opinion.
Si ça ne fonctionne pas pour toi, les styles ici ne manquent pas et tu devrais trouver ton bonheur.
Je te conseille l'excellent HaïKulysse. Il sera à l'opposé de ce que Caz ( ou moi) pouvons faire :)
Continue de nous dire ce que tu en penses, c'est comme ça qu'on peut progresser!
Je ne suis pas bon public et encore moins TRES bon public, j'affectionne les trucs originaux et privilégie les concepts et les idées. Quant au style, j'en vois défiler des tas différents sur la Zone depuis 2001 et les plus conventionnels ne m'émeuvent pas tant que ça même si je n'y suis pas insensible ou réfractaire. J'ai une prédilection pour les genres ayant émergé des Internets depuis leurs débuts. J'aime même à croire que la Zone a ses écoles. Et quand j'affirme qu'ayant atteint mon 300eme texte sur le site, je les maîtrise tous dans leur condensé qui est l'écriture supraluminique, je déconne à peine. D'ailleurs, je les énumère souvent car j'écrirai un "Que sais-je ?" un de ces jours Aux Presses Universitaires de France : cut up de Burroughs, CAPSLOCK LITTERATURE, TDM, flood littérature, log prose, l33t litt., troll litterature, brainrot prose, bouts de code, onirisme, bonus DVD littérature, hard science putassière, palimpseste, poésie hermétique, crack zic-mu, egotrip, branlette littérature, DTC,s prose, gloubiboulga littérature, pangolin littérature, partitions pour pianistes, toboggan prose, tutoriel littérature, F.A.Q litt. , consignes de montage de meuble IKEA et de nombreux autres styles que je ne me remémore pas à l'instant.
C'est incroyable que tout "ça" ait un nom.
Je reformule si tu veux bien : tu es très bon public comparé à moi :p
Oui oui Lindsay, je parcours la Zone depuis déjà un an, même si je ne me manifeste que de manière épisodique. Pas de bol, j'ai lu Haikulysse et je déteste ; surréalisme, cut up, expérience de toxico et diarrhée de cerveau automatique = imposture pour ébaubir les artistes autoproclamés. Burroughs n'a jamais été aussi bon que dans l'écriture clinique de Junkie, le reste, et notamment le Festin nu n'est que le symptôme d'une époque ou on croyait encore qu'il se cachait un truc mystique dans l'inconscient, le spontané, le n'imp et l'irrationnel alors qu'il ne s'agit que d'excréments cérébraux (qu'il faudrait gober comme de l'ambroisie).
Bon j'exagère pour me faire plaisir, je pense sincèrement qu'il y a du bon partout, et je pense aussi qu'il y a des moments pour lire certains textes, et je ne suis tout simplement parfois pas prêt ou pas disposé.
Quant aux goûts de Lapinchien, je pense qu'il sont parfois davantage guidés par la personne qu'il imagine derrière le texte plutôt que le texte. Tu verras que l'animal en question dit rarement du mal des pseudos féminins parce qu'il veut qu'il y ait plein de meufs sur la zone (quitte à s'aveugler parfois devant des pseudos féminins qui émanent d'auteur masculin comme je le soupçonne depuis un moment, mais après tout on s'en fout, chacun se coule dans le moule qu'il souhaite, au moment où il le souhaite, l'écriture permet ça, et je crois en ça)
ça ressemble à une histoire dont on aurait ôté toute subjectivité, toute émotion, un rapport rédigé par un robot témoin. "la nouvelle objectivité", courant artistique allemand des années 20-30 a travaillé dans cette veine, estimant que la subjectivité représentait une sorte de poison; mais ils n'ont pas réussi, car on ne peut éviter la subjectivité même lorsque l'on croit qu'il n'y en a pas.
le texte est-il mauvais? non. juste froid comme un compte rendu de police.
et le film conseillé du jour: "alphaville" de JL Godard.
Ben, j'ai la fonction de physionomiste du nightclub et je fais entrer toutes les filles (c'est gratuit pour les meufs + une conso offerte) sauf si elles portent des baskets.
Blague à part, je ne fais aucune discrimination positive pour les femmes mais tu as raison, en ce moment tout du moins, j'essaie de me mettre dans la tête des auteurs mais pas en y glissant dans la bouche ma petite bistouquette. (pas plus que dans les conduits auditifs et nasaux en fait)
eurk
Merci pour vos retours !
Pour Lindsay et Arthus vous avez fini par me faire participer à la saison Texte de merde : il est plus de 4 heures 45 du matin et je me rends compte, la pluie battant à ma fenêtre, que je vais sûrement cramer ce qu’il me reste de cerveau pour proposer une suite à mon récit mettant cette fois-ci l’enfer des notifications dans un contexte qui, je l’espère, sera original mais pas pour que vous approuviez ou même que vous ayez l’obligeance de me taxer de cut-up agressif car même si par « manque de bol, tu m’as lu et que tu détestes » je continue mon chemin n’ayant aucune prétention à être publié un jour mais de là à dire que c’est une « diarrhée de cerveau automatique, une imposture pour ébaubir les artistes autoproclamés » je n’irai pas jusqu’à là, pas parce qu’il s’agit de mes nouvelles, mais parce qu’au moins j’ai essayé de proposer quelque chose de différent…
Ce qui est loin d’être le cas quand je parcours les textes des nouveaux auteurs et constate la disparition des anciens zonards talentueux ; que voulez-vous je fais partie des vieux meubles…
Et bien, si leurs commentaires font que ça te donne envie de participer à un autre appel à texte, c'est déjà ça, j'en suis ravi et j'ai hâte de te lire comme à chaque fois.
T'inquiète Haikulysse, j'étais méchant pour le plaisir de critiquer avant tout le cut up et l'écriture automatique car, pour en avoir lus et pour les avoir pratiqués moi aussi, ces procédés me semblent faciles, abscons et n'expriment rien de vraiment intéressant. Je n'entre pas dans tes textes, tout ce que je peux en dire n'est donc pas légitime.
En revanche, je pense que tu as tort de chercher à être original ou différent. Tu ne l'es pas tant, d'ailleurs. Et il n'y a rien de moins original que de vouloir être original. Notre originalité et notre singularité s'imposent naturellement, il faut avant tout essayer d'écrire ce qu'on veut exprimer, exactement comme on veut l'exprimer (ou au moins s'en rapprocher car je n'y suis pour ma part jamais parvenu, soit dit en passant), pas en s'imposant la contrainte d'être original ou différent. Mais je commence à faire des lois tout à fait discutables, je m'arrête donc là. Cela n'empêche que j'ai hâte de lire ton texte de merde, je vais essayer d'en pondre un moi aussi, si je trouve le temps.